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coup plus long qu’un verre de pareille convexité, mais convexe des deux côtés. Cela posé, considérons la goutte d’eau reposant sur la feuille ; la surface par laquelle elle la touche est plane, & non convexe ou sphérique ; ainsi son foyer se trouve bien plus loin que le point de contact, & par conséquent au-delà de la feuille. Elle ne peut donc pas agir comme verre brûlant sur la feuille même. De plus, l’eau de la pluie ou de la rosée, de la pluie sur-tout, s’étend également sur toute la feuille ; c’est un enduit, un vernis, dont elle est pour ainsi dire enduite, & non pas de simples gouttes sphériques : certainement, dans cet état, elle ne fait pas l’office de verre brûlant.

Mais quelle peut donc être la cause de cette maladie si commune, & qui ne semble produire ses ravages, que lorsque réellement le soleil, par son ardeur, dissipe les gouttes d’eau qui se trouvoient sur les feuilles ? L’explication qu’en donne M. Adanson nous paroît encore très-juste. « Cette maladie, dit-il, vient d’une espèce d’épuisement causé par la grande évaporation de la séve, ou par une destruction des pores de la transpiration trop dilatés, ou enfin, par une putréfaction occasionnée dans les sucs du parenchyme ou de la séve, par leur mélange avec l’eau. » Quand une goutte d’eau recouvre une partie de la feuille, qu’arrive-t-il ? la transpiration cesse, une imbibition beaucoup plus forte s’établit dans ce point-là ; l’eau, échauffée par le soleil, dilate les pores de l’épidémie, pénètre le tissu réticulaire, se mêle avec le parenchyme, & délaye tous les sucs qui se rencontrent dans cette espèce de réservoir. Le soleil continuant à agir, il s’établit une espèce de petite fermentation qui détruit la substance même du parenchyme. Le tissu réticulaire plus dur, & de nature ligneuse, résiste davantage, & subsiste, tandis que la maladie ronge la matière succulente & parenchymateuse qu’il renferme entre ces réseaux. C’est à cet effet qu’il faut attribuer le vide & l’espèce de transparence que l’on remarque sur les feuilles attaquées du blanc.

Comme cette maladie n’a pas des suites bien dangereuses, & que la plaie ne passe pas ordinairement l’endroit attaqué, elle ne doit donner aucune inquiétude ; & le seul remède à indiquer, consiste à la prévenir plutôt qu’à la guérir. Lorsque dans la chaleur de l’été, des ondées subites, ou des pluies d’orage, n’ont fait disparoître le soleil qu’un instant, & que l’on s’attend à le voir lancer ses rayons quelques momens après, on peut avoir soin d’agiter les plantes, de secouer légérement les branches des arbres que l’on veut conserver dans leur beauté, afin de faire tomber une partie de l’eau dont leurs feuilles sont couvertes. M. M.

III. La seconde espèce de blanc, plus connue sous le nom de lèpre, fait ses ravages principalement sur les arbres fruitiers, & sur-tout le pêcher. On l’appelle encore meûnier, relativement à la couleur blanche que prennent les feuilles, les bourgeons, & même les rameaux & les fruits. Cette couleur est dûe à une sorte de matière cotonneuse qui les empêche de transpirer ; ou