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réussit pas, & que l’on soit attaché à la plante malade ; si c’étoit, par exemple, un œillet, ou une autre fleur intéressante, coupez courageusement la partie attaquée du blanc ; mais ayez soin de la couper une ligne ou deux au-dessous de l’endroit malade. N’y a-t-il que quelques feuilles blanches ? arrachez-les avec leurs pétioles. La tige commence-t-elle à s’altérer ? coupez-la, & vous préserverez par-là le reste de la plante.

Toutes les plantes qu’on élève sur couche, (voyez ce mot) sont plus sujettes au blanc, que celles qui naissent spontanément dans les champs, ou qui sont simplement semées & cultivées dans les jardins. Les melons & les concombres tiennent le premier rang pour la sensibilité & la délicatesse. En effet, les tiges de toute la famille des plantes cucurbitacées, ne sont presque remplies que d’un mucilage très-aqueux & malgré la rugosité de l’épiderme qui les recouvre, cet épiderme est très-mince. La chaleur humide des couches la rend encore plus sensible & plus susceptible des impressions trop froides de l’air, ou trop chaudes des rayons du soleil. Je n’ai jamais vu le blanc sur les melons ni sur les concombres semés en pleine terre ou venus sous cloche. La couche & les cloches forcent la nature ; il n’est donc pas étonnant qu’en s’éloignant de la simplicité de ses loix, on multiplie le germe des maladies. Les plantes ainsi traitées, ne ressemblent pas mal aux habitans des grandes villes ; ils sont assujettis à une foule de maux inconnus dans les campagnes, & ces maux semblent se multiplier en raison de l’opulence des ïndividus qui les habitent.

II. Les taches blanches que l’on remarque sur quelques feuilles, ne sont pas ordinairement dangereuses. C’est une maladie locale & sans conséquence, lorsqu’il n’y a que quelques feuilles d’attaquées ; mais si toutes le sont, la plante ne manque pas de périr peu de jours après. Les arbres résistent davantage, & il semble que cette maladie ne les affecte pas sensiblement ; car dans des espaliers, on remarque souvent des arbres entiers, sur-tout des pommiers, dont presque toutes les feuilles sont criblées de ces taches blanches, qui les font paroître vides & comme transparentes. Tous ceux qui ont écrit sur les maladies des plantes, ont attribué celle-ci aux rayons du soleil, qui, traversant les gouttes de pluie dont les feuilles se trouvoient chargées, les brûloient comme lorsqu’ils traversent un verre brûlant. De-là est venu le nom assez commun de brûlure, donné à cette maladie. M. Adanson, dans sa Famille des Plantes, a réfuté avec raison cette explication, & nous sommes de son sentiment. En effet, comment veut-on que les rayons du soleil, en traversant ces gouttes d’eau, puissent brûler les feuilles sur lesquelles elles sont répandues ? Les notions les plus simples de physique suffisent pour en sentir toute la fausseté. 1o. Il est de fait, que les rayons du soleil traversant un verre convexe ou brûlant, n’agissent qu’au foyer de ce verre, & ne peuvent brûler ni au-delà, ni en-deçà ; 2o. un verre qui n’est convexe que d’un seul côté, & plan de l’autre, a le foyer beau-