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le miel, les rats des champs, les lézards & les serpens, auxquels il fait une chasse continuelle. Mais ingrat & méconnoissant, l’homme ne considère dans les animaux qui l’environnent, que des êtres destinés à le servir comme des esclaves, ou à supporter tous les caprices de la loi du plus fort.

L’extérieur du blaireau est lourd & assez laid ; la longueur du poil de son corps fait paroître ses pattes si petites, que l’on diroit que son ventre touche la terre, & qu’en général il est fort gros. Ce n’est qu’une fausse apparence ; car dépouillé, il ne l’est point du tout. Son museau est alongé comme celui de quelques chiens, & son nez a la même forme que celui des chiens. Ses yeux sont petits & vifs ; ses oreilles courtes & rondes, comme celles des rats, sont presqu’entiérement cachées dans le poil dont la tête est garnie. Sa queue, assez courte & grosse, est garnie de poils longs & forts. Ses jambes sont courtes ; celles de derrière sont presque toujours pliées, de façon que la cuisse & la jambe sont fort inclinées, & que leur direction est peu éloignée de la ligne horizontale. Il y a cinq doigts à chaque pied, & chaque pied est terminé par un ongle très-fort, plus long dans les pieds de derrière que dans ceux du devant.

Le poil du blaireau est de trois couleurs ; noir, blanc & roux. Il a sur la tête deux bandes pyramidales noires, qui commencent un peu au-dessous des yeux, & qui vont jusqu’au haut de la tête, derrière les oreilles. Une bande blanche partant du museau, s’élève entre les deux bandes noires jusque sur le cou ; & passant derrière ces deux mêmes bandes, elles viennent le long du cou & des mâchoires, se terminer vers le bord des deux lèvres ; elles renferment ainsi les deux bandes noires. Tout le dessous du corps, & les quatre jambes, sont noirs ; le dessus, depuis le col jusqu’à la queue, est garni de blanc & de noir, avec quelques légères teintes de fauve ; les côtés du corps, la queue & les alentours de l’anus, sont de couleur mêlée de blanc sale & de roussâtre. Le poil du blaireau est rare, & ferme à peu près comme les soies du cochon ; le plus long a jusqu’à quatre pouces. Le blanc ou blanc sale y domine en plusieurs endroits, & le rend presque gris ; ce qui lui a fait donner dans la campagne, le nom de grisart.

Un caractère particulier de conformation dans cet animal, est une espèce de poche peu profonde qui se trouve entre l’anus & la queue. Les mâles comme les femelles en sont pourvus. L’orifice de cette poche est garni d’un poil roux à l’extérieur, & parsemé de poils fauves assez longs dans l’intérieur. Elle est enduite d’une matière blanche épaisse, & semblable à de la graisse par sa consistance ; il en suinte continuellement une liqueur onctueuse, d’une odeur fétide, que le blaireau se plaît à sucer.

Les ongles forts dont ses doigts sont armés, lui donnent la facilité de se creuser des terriers profonds ; c’est ordinairement dans les taillis épais, dans les bois très-fourrés, qu’il choisit son domicile. Les racines qu’il rencontre en creusant, lui