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ne veillent sur leurs laboureurs. Ils ouvrent la première raie qui jette la terre sur le bord ; puis ouvrant une seconde raie de l’autre côté, & jetant la terre contre la première, il se trouve que l’espace compris entre ces deux raies est chargé de terre remuée, mais que le dessous ou le milieu ne l’est point, alors il y a un tiers de travail de moins, & la dépense est la même que si les trois raies avoient été formées.

Est-il plus utile de labourer par billons que par planches ? C’est une question que M. Tull, cultivateur anglois, propose & discute. Il se détermine en faveur des billons, parce que, dit-il, ils présentent plus de superficie que la planche. Cet infiniment petit est de bien peu de valeur ; mais quand même ce seroit un mérite réel, il n’équivaudroit jamais à la perte considérable & à la pourriture des grains ou des plantes déjà venues : d’ailleurs, si l’on considère la quantité de terrain perdu par les deux sillons qu’exigent les billons, on verra que le bénéfice donné par un peu plus de superficie, ne dédommage pas de la perte. En outre, la perpendicularité que les tiges affectent en croissant, rend nul ce prétendu avantage d’une plus grande superficie, puisqu’il est bien démontré qu’un terrain en pente ne peut pas contenir plus d’arbres qu’un terrain plat.

Pour billonner les terres sablonneuses, on a une charrue sans coutre, mais armée d’un soc long & étroit, & garnie de chaque côté d’un versoir fort évasé par derrière, qui, renversant la terre sur le côté, forme le dos d’âne. On la nomme charrue à billonner.

Il est constant que cette méthode doit être interdite pour tous les champs où l’on ne craint pas la submersion ; & que pour tous les autres, ce n’est pas la plus avantageuse.


BINAGE, BINER. Ces mots s’appliquent au travail des champs, de la vigne & du jardinage, & c’est dire, relativement à ces trois objets, que l’on fait deux fois le même travail. Le binage suppose un travail fait précédemment, & beaucoup plus considérable que le binage, puisque celui-ci ne remue que la terre déjà travaillée. La première façon du labourage est pour rompre & ouvrir la terre. Ce travail a lieu, ou d’abord après la récolte, suivant la coutume de certains cantons, ou aussitôt après l’hiver. Dans l’un & dans l’autre cas, on bine six semaines ou deux mois après ; mais dans le premier, on rebine de nouveau dès que les gelées sont passées. Pour biner la vigne, il faut auparavant qu’elle ait été fossoyée ; on fossoye dès que la chaleur vient ranimer la végétation ; & même si on le peut, avant l’épanouissement des bourgeons, & on bine dans le mois de Juin. Quant au jardinage, on bine les laitues, les chicorées & autres plantes potagères, autant que le besoin l’exige, & ce petit travail n’est jamais perdu.


BINETTE. Instrument de jardinage. Petite pioche en fer, & armée d’un manche. Son nom propre, qui est un diminutif, indique à peu près son volume. Un de ses