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lui donnerez que du foin sec, une couple de fois : il n’y a plus rien à craindre. »

Voici encore deux autres moyens qui m’ont constamment réussi. Au moment qu’on s’apperçoit de l’enflure, de l’emphysème de l’animal, il faut, à grands coups de fouet, le faire courir pendant un quart-d’heure, le laisser un peu reposer ensuite, & commencer de nouveau, jusqu’à ce que l’enflure soit diminuée. Ce moyen est moins prompt que le suivant.

Faites dissoudre une once de sel de nitre raffiné, dans la petite quantité d’eau capable de le dissoudre. Dans cet état, unissez cette eau saline à un bon verre d’eau-de-vie, & faites avaler le tout à l’animal. Cette composition paroît bisarre, mais elle n’en est pas moins sûre. Je parle d’après un grand nombre d’expériences faites sur des bœufs, sur des vaches qui s’étoient gorgées de luzerne ou de trèfle dans la prairie artificielle.

Tant qu’il existera des communes, l’entretien domestique est impossible pour la multitude ; mais partagez ces communes, chaque paysan devient propriétaire, & chaque paysan est assuré d’avoir un bétail en bon état. (Voyez le mot Commune)


Section IV.

De la bonté & de la multiplicité des engrais produits par l’entretien domestique du Bétail.


Personne ne doute qu’on aura plus de fumier quand on prendra soin de le ramasser pendant une année entière, que s’il reste dispersé sur les pâturages. Il faut donc prendre la question dans un autre sens, & la réduire à savoir si, pour la fertilisation de la terre, le fumier que le bétail répand çà & là ne fait pas autant d’effet que si ce fumier étoit soigneusement ramassé & entassé.

La méthode établie en Angleterre, & introduite actuellement en plusieurs endroits, de faire parquer les brebis pour fertiliser les champs, pourroit occasionner du doute sur cette question ; mais la grande différence qui existe, c’est que le gros bétail ne peut pas être tenu serré comme l’est un troupeau de moutons, & par conséquent chaque portion de terrain n’est pas également fumée.

L’expérience journalière prouve que l’urine & les excrémens du bétail, tels qu’ils sortent du corps de l’animal, ne sont pas un bon engrais, qu’ils brûlent les plantes sur lesquelles ils tombent ; & tout le monde sait que l’excrément de l’oie, par exemple, est la peste des prés.

Tout excrément dans cet état, n’est pas un bon fumier ; ce qui sera plus amplement démontré au mot Engrais. Il faut qu’il subisse une nouvelle fermentation, & change, pour ainsi dire, de nature, ou du moins qu’il fasse de la masse de ses principes, une combinaison nouvelle, une recomposition. L’analyse chymique démontre la différence des produits des excrémens frais & des excrémens fermentés.

Les pâturages parcourus par le bétail, & par conséquent chargés de leur fiente, fournissent de cette