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garniront la superficie de ce creux, & elles seront recouvertes d’un demi-pouce de terreau. Les arrosemens, dans le besoin, seront faits avec un arrosoir dont les trous de la pomme seront très-petits, & on arrosera peu à la fois, afin de ne pas trop affaisser la terre. Cependant la graine lève facilement, & sembleroit ne pas exiger de tels soins ; aussi est-ce moins pour faciliter le développement de la graine, que la croissance rapide des racines. Plus elles pivoteront, plus la plante gagnera en force & en vigueur. Lorsque les graines auront germé, lorsque leurs jeunes feuilles auront acquis la longueur de quelques pouces, on ne laissera qu’un seul pied, & les deux ou trois autres seront replantés ou rejetés, suivant les besoins du jardinier.

La seule différence du semis en pépinière avec le précédent, c’est qu’on attend un peu plus tard, afin que le plant ait plus de corps lorsqu’on le replantera. Je préférerois la première méthode ; elle épargne une opération, & à moins que la plante n’ait été levée de terre avec le plus grand soin & avec toutes ses racines, elle souffre toujours un peu de la transplantation. L’artichaut semé à demeure, ou replanté, ne donne ordinairement du fruit qu’à la seconde année.

IV. De la manière de multiplier l’artichaut par filleule ou par œilleton. Ces deux mots sont synonymes & usités dans différentes provinces : il est aisé de juger d’où ils dérivent. Autour de la tige principale & de ses racines, s’élèvent plusieurs tiges particulières qu’on sépare du tronc. Cette opération a lieu le plus communément à la fin de l’hiver, lorsqu’on découvre les artichauts, ou après que la plante a donné son fruit, ou au mois de Septembre ; on peut même œilletonner pendant toute l’année, excepté dans la saison froide. Il vaut mieux plutôt que plus tard ; la plante est plus vivace & résiste mieux au froid.

Le jardinier ordinaire & qui réfléchit peu, éclate avec le pouce l’œilleton, & le sépare du tronc principal ; mais le jardinier prudent se sert du couteau, & la plaie faite à la mère tige est plutôt cicatrisée ; il faut le même tems pour cette seconde méthode ; elle est plus sûre & moins meurtrière. Avant d’œilletonner, on découvre la plante jusqu’à ses racines, & on a la facilité de choisir l’œilleton qui doit rester en place, si le tronc principal est mauvais, & les œilletons destinés à regarnir les places vides, & ceux que l’on destine pour former un nouveau quarré.

Si le tems est chaud, on fera très-bien de les tenir dans un vase assez rempli d’eau pour que le talon y trempe : la terre s’unit mieux au talon & à ses racines lorsqu’on le replante. Lorsqu’il est mis en terre, on peut, si l’on veut, finir de remplir le trou fait par le plantoir, avec du terreau ; & avec ce même plantoir, pousser la terre contre le talon, de manière qu’il soit bien assujetti, & que l’arrosement qui succèdera aussitôt après la plantation, ne dérange pas la direction qui a été donnée à la plante.

V. De la culture de l’artichaut. Pour former une artichaudière, l’auteur de la Maison Rustique, & ceux qui l’ont copié, s’accordent à