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la boucage, que quelques-uns appellent pimprenelle, grande saxifrage, & qui n’est pas la pimprenelle des jardins & des champs. Celle-ci a été conseillée avec raison par M. Roques, pour en faire des prairies artificielles. Les chevaux & toutes les bêtes à cornes aiment l’herbe, particulièrement quand elle est tendre, & la graine peut leur être donnée à la place de l’avoine, s’ils n’ont pas beaucoup à travailler.

Tous les plantains, en général, sont très-bons, & surtout le plantain des Alpes.

Le melampire, ou blé de vaches, leur est très-agréable, rend le beurre gras & jaune.

Toutes les espèces de chardons encore jeunes, & surtout le cirsium ou chardon des avoines, parce qu’il est très-commun sur les terrains qu’on lui destine, offrent un aliment agréable aux vaches & aux ânes.

Je finirai cet article par citer les feuilles de vignes, aussi utiles vertes que sèches. Dans les pays où la culture des vignes est bien entendue, on a grand soin de couper les bourgeons qui portent des sarmens inutiles, & qui nuisent au cep par la séve qu’ils absorbent en pure perte. Ces jeunes pousses sont cueillies lorsqu’elles sont encore vertes & tendres, & chaque jour on les donne au bétail. Dès que le raisin commence à changer de couleur, & sur-tout dans les vignes dont les ceps sont forts & vigoureux, on peut chaque jour ramasser la quantité de feuilles suffisante pour les bœufs, les vaches, les chèvres : la seule attention à avoir, c’est de cueillir ces feuilles dans les endroits fourrés, & on rend en outre service au raisin, en l’exposant davantage à l’ardeur du soleil : on continue ainsi jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de feuilles aux vignes. Un métayer vigilant en fait cueillir une grande provision avant que la feuille soit épuisée de sucs, les fait sécher, & les garde pour l’hiver. Il suffit d’exposer à l’humidité des brouillards, des bruines ou d’une pluie légère, la quantité qui doit être consommée dans la journée ou le lendemain ; alors la feuille ne se brise plus & reprend du nerf. Pour les chèvres, la maxime est un peu différente. De la vigne, les feuilles fraîches sont portées dans de grands cuviers, dans des tonneaux défoncés d’un seul côté & à moitié pleins d’eau. On les remplit de feuilles, & on a soin que l’eau les surnage. C’est ainsi qu’on conserve les feuilles pendant tout l’hiver. Les vaisseaux qui les renferment ne doivent servir qu’à cet usage, parce qu’ils contractent un goût si désagréable, qu’ils sont hors d’état de conserver du vin sans lui communiquer leurs défauts. Il seroit prudent de substituer à ces tonneaux des vaisseaux faits avec du bléton, (voyez ce mot) & ils serviroient pendant des siècles, sans exiger la plus légère réparation.


Section III.

Observations sur la manière de conserver les végétaux destinés à la nourriture du Bétail.

Quoique j’aie sommairement indiqué le tems de couper les fagots sur quelques arbres, je ne dois pas passer sous silence les observations