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le peuplier commun, &c. &c. Parmi les saules, je ne connois que le marceau destiné aux chèvres. Les chênes du pays, autrement dits chênes noirs, le chêne-liège, le chêne vert, & même le chêne rampant, donnent d’excellentes bourrées ; l’érable ou sycomore, à grandes ou à petites feuilles ; l’ormeau, le tilleul, le charme ou charmille, &c. fournissent de bons fagots, ainsi que l’alisier, le néflier, le sorbier ou cormier. Les feuilles du hêtre ou fayard, sont bonnes pour les bestiaux ; son fruit engraisse singuliérement les cochons, mais sa trop grande abondance leur est nuisible. Il ne faut pas négliger toutes les espèces de bruyères, & surtout la bruyère en arbre. Dans les provinces où elle croît, les bœufs, les chevaux, les mulets la mangent avec avidité. Le mouton ne dédaigne pas les feuilles encore vertes de l’aulne, du sureau. Les feuilles de frêne ont leur mérite ; il est à craindre, cependant, qu’il ne reste attachées sur elles, des mouches cantharides, attirées par l’espèce de manne qui suinte sur cet arbre. Il en est ainsi de l’ormeau. Ces insectes nuiroient aux troupeaux auxquels on destine ces feuilles ; elles leur causeroient des inflammations dans les reins & dans la vessie. Les moutons aiment singuliérement les feuilles, les fruits du maronnier d’Inde ; leur amertume ou leur âpreté, est aussi agréable pour eux, que celle de l’olive.


Section II.

Des herbes propres à la nourriture des Bestiaux.

1o. Des plantes potagères. Il n’en est aucune, si on en excepte les oignons, dont les débris ne soient utiles aux bestiaux quelconques.

Pour avoir des betteraves, des scorsonnères, des panais, des chervis, des carottes plus forts en racine, il est à propos de couper leurs fanes au moins deux fois dans l’année, & cette coupe ne doit pas être perdue, En Dauphiné, en Beaujollois, &c. on sème de grosses raves ; dans plusieurs autres endroits des courges, des citrouilles, des melons, des pommes de terre, qui servent merveilleusement pour la nourriture d’hiver ; & on garantit ces fruits de la gelée, en les tenant sous de la paille. Il est alors plus avantageux de les donner à demi-cuits dans l’eau qui contient quelques parties de son ; les bestiaux s’en trouvent très-bien, & sur-tout les chèvres, qui préfèrent ces préparations encore tièdes, à tous les autres alimens. Les fanes des courges, des melons, à demi-cuites, sont de quelque utilité. La pomme de terre mérite la préférence sur tous les autres. C’est un farineux excellent & très-nourrissant. Celui qui possède un bétail nombreux, doit en semer des champs entiers, & je lui réponds que ses animaux passeront la mauvaise saison sans diminuer de valeur & sans souffrir.

Les débris de toutes les espèces de choux, ne doivent pas, suivant la coutume des mauvais ménagers, être jetés aux fumiers, ainsi que les côtes des melons, après en avoir mangé la pulpe. Dans le pays, comme au Mont-d’Or, près de Lyon, où l’on élève beaucoup de chèvres, on sème pour elles des