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CHAP. II. Vues générales sur l’entretien domestique du Bétail.
Sect. I. Des avantages de l’entretien domestique.
Sect. II. Objections contre l’entretien domestique, & Réponse à ces Objections.
Sect. III. Du soin du Bétail dans les Étables.
Sect. IV. De la bonté & de la multiplicité des engrais produits par l’entretien domestique.
CHAP. III. De l’usage du sel pour le Bétail.
Sect. I. Est-il avantageux de lui en donner ?
Sect. II. De la manière de lui en donner.


CHAPITRE PREMIER.

Des Végétaux propres à la nourriture du Bétail.


Section première.

Des arbres & arbustes utiles pour la nourriture des bestiaux.

1o. Parmi les arbres fruitiers cultivés dans nos jardins, on compte les feuilles d’amandier, qui engraissent singuliérement les moutons ; celles de tous les poiriers, pommiers, cerisiers, griottiers, pruniers, groseilliers, framboisiers, coignassiers, fraîches ou sèches. Les émondures de ces arbres, au tems qu’on les taille, avant la séve du mois d’Août, doivent être rassemblées en fagots, & portées à sécher à l’ombre dans un endroit sec. C’est de ce lieu qu’on les tire pendant l’hiver, pour les donner à manger aux bestiaux ; ils trouvent par-tout de quoi se nourrir dans l’été : il vaut donc mieux les conserver pour la saison où le mauvais tems les empêche de sortir de l’écurie. Le grand point est d’empêcher que la moisissure ne les gagne.

2o. Des arbres fruitiers toujours verts. Les pins, les sapins, les genevriers ne peuvent être mis en fagots ; leurs feuilles se détachent des branches en se desséchant. Dans cet état, l’animal ne peut les manger. La pointe de ces feuilles leur pique la bouche & le gosier ; mais comme ces arbres conservent leurs feuilles vertes pendant toute l’année, c’est le cas de couper les branches au moment où le besoin l’exige, & de les porter tout de suite aux bestiaux. On ne doit recourir au genevrier, que dans un besoin pressant ; l’animal, il est vrai, mange avec plaisir les jeunes pousses du printems ; dans l’arrière-saison, les feuilles sont trop piquantes, & encore plus dans l’hiver. Il faut alors les faire tremper dans l’eau pendant vingt-quatre heures, pour les ramollir. L’olivier, que l’on taille tous les deux ans, fournit par ses feuilles, une nourriture succulente aux moutons, dans un tems où les pâturages sont encore peu abondans ; & dans l’automne, les bergers ont le plus grand soin de conduire furtivement leurs troupeaux sous les oliviers, pour leur faire dévorer les olives tombées par terre. Ce seroit un demi-mal, s’ils ne secouoient pas les branches de l’arbre.

3o. Des arbres fruitiers qui perdent leurs feuilles pendant l’hiver. Tous les peupliers quelconques sont utiles ; il faut les émonder au commencement du mois d’Août, & conserver les fagots, ainsi qu’il a été dit. Sous le nom générique de peuplier, je comprends l’ypreau ou peuplier blanc, le tremble, les peupliers d’Italie, de Virginie, de Caroline ;