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celle occasionnée par la transpiration & l’haleine des animaux, en produit une très-considérable. L’auteur de la Nouvelle Maison Rustique recommande de nettoyer la bergerie une fois ou deux au plus tous les ans. Si on la cure deux fois dans l’année, ce doit être en Mars & à la fin d’Août ; & en Juillet, si on ne la nettoie qu’une fois. Voilà, de tous les conseils, un des plus nuisibles & des plus dangereux. L’expérience journalière prouve que la majeure partie des maladies des bêtes à laine est occasionnée par l’humidité réunie à la chaleur qui engendre la pourriture ; & si, malgré l’abus de toutes les coutumes, on est forcé de convenir que la chaleur du fumier est très-humide, ou pour parler plus correctement, qu’il s’en élève une humidité chaude & copieuse, on sera donc forcé de reconnoître que l’amas de fumier est un des principes certains des maladies.

Plus le fumier reste entassé dans la bergerie, plus les couches successives s’affaissent & se durcissent. Dès-lors les urines n’ont plus d’écoulement, & s’accumulent dans la litière supérieure. C’est sur la paille imbibée d’urine, & pénétrée d’excrémens, que l’animal est forcé de se coucher dans l’humidité qui est si préjudiciable à sa santé, qui détériore la laine & altère insensiblement sa couleur. De blanche qu’elle doit être naturellement, elle prend un œil roussâtre ; elle est surchargée d’ordures qui s’opposent à la transpiration de l’animal. La sueur transpirée s’arrête à la base de la laine, y acquiert de l’acrimonie, corrode la base des poils, excorie la peau ; & souvent, à la fin de l’hiver, l’animal perd une partie de sa toison ; peut-être encore la gale, à laquelle les moutons sont fort sujets, ne dépend-elle pas d’un autre principe.

Si le troupeau est nombreux, c’est-à-dire, si la bergerie qui le renferme est pleine, sans que l’animal soit trop pressé, levez le fumier tous les huit jours, en quelque saison que ce soit, à moins que les pluies ou les gelées ne permettent pas au troupeau de sortir. Dès qu’il est dehors, ouvrez toutes les portes, toutes les fenêtres ; faites exactement balayer le sol, & nettoyer les planchers & les murs ; enlevez le fumier, & ne fermez que lorsque le troupeau sera prêt à rentrer, & lorsque vous lui aurez fourni une nouvelle litière.

On ne manquera pas de m’objecter, 1o. que cette litière n’est pas assez pourrie ; 2o. qu’elle consommera un très-grand amas de feuilles, de paille, &c. Je conviens de tout cela ; & je demande à mon tour : Quelle nécessité y a-t-il donc, que la paille se convertisse en fumier fait dans la bergerie ? & dans les domaines où l’on tient de nombreux troupeaux, n’est-ce pas pour se procurer la plus grande quantité possible d’engrais ? Dès que la paille est imbibée d’urine, & chargée de crottins, elle jouit dès lors de la propriété de fermenter, de s’échauffer, & de produire du bon fumier. Il faut le porter dans la fosse, & le travailler ainsi qu’il sera dit au mot Engrais. Dans une basse-cour bien ordonnée & bien conduite, il est de règle que l’excédant de la paille destinée à la nour-