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bergerie. Les plus mauvais murs sont ceux construits en bauches, autrement appelés torchis. (Voyez au mot Bauche leurs défauts) Ceux en pisai sont très-bons, (voyez ce mot) si la maçonnerie en pierre & mortier excède le sol de la bergerie à la hauteur de deux pieds ; ceux entiérement faits en maçonnerie dureront plus long-tems, mais coûteront plus, & ne seront pas plus utiles. Que la bergerie soit isolée ou non, on ouvrira deux grandes portes à deux battans, une au nord, & l’autre au midi ; & si la position ne le permet pas, elles feront placées du couchant au levant ; mais ce n’est plus la même chose. La vivacité avec laquelle les moutons rentrent dans la bergerie, nécessite ces grandes portes. Si la porte est étroite, ils se presseront les uns contre les autres, de manière que trois ou quatre moutons remplissent tellement l’espace vide, qu’ils ne peuvent plus entrer. Poussés par ceux qui viennent en foule après eux, ils ne peuvent plus ni avancer ni reculer. Combien de fois n’ai-je pas vu des épaules démises, & une fois entr’autres, un mouton étranglé, parce que son col appuyoit directement contre l’angle du jambage de la maçonnerie. Dans la saison des vents froids, des gelées trop fortes, la porte du nord est fermée, & celle du midi est ouverte ; mais toutes deux le doivent être, dès que le troupeau est sorti de la bergerie. On ne sauroit trop renouveler l’air. Cette maxime est contraire, j’en conviens, aux usages presque généralement reçus en France. Les maladies se multiplient dans le troupeau, & on s’aveugle au point de ne pas vouloir reconnoître que la chaleur est ce qui contribue le plus à son dépérissement. Si on consultoit la nature, on verroit qu’elle a pourvu l’animal d’une forte toison, pour le garantir de toutes les intempéries de l’air ; que si l’air froid leur devient dangereux, c’est accidentellement, & uniquement parce qu’on les tient dans un lieu trop resserré où l’air s’échauffe, se vicie, & ne se renouvelle pas.

Si la bergerie est isolée, on pratiquera des fenêtres du côté des portes, & du côté du levant & du couchant. Chacune aura au moins trois pieds de largeur sur cinq de hauteur. Leur nombre sera proportionné à la longueur & à la largeur de la bergerie. Si elle tient au contraire aux bâtimens de la ferme, on les placera où l’on pourra, & on les multipliera le plus qu’il sera possible. Chaque fenêtre sera garnie de son châssis à vître, & ce châssis fermera ou ouvrira à volonté. On peut suppléer les châssis à vîtres par ceux en papier ou en toile ; & c’est une mauvaise économie, puisqu’il n’y a que la première mise qui coûte. C’est une très-grande erreur de penser que le mouton aime l’obscurité. Dans son état sauvage, ne vit-il pas dans les bois, dans les champs, &c. ; & peut-on penser que parce que nous l’avons rendu esclave, il ait changé de goût & d’inclination ?

Le mouton transpire beaucoup ; il vicie l’air par sa transpiration ; il le vicie encore par son inspiration & par sa respiration. Cet air devient du plus au moins corrompu ;