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si le troupeau est conduit aux champs & ramené aux heures convenables ; s’il ne maltraite point les animaux avec des pierres, avec son bâton, &c. Quant à sa science, elle doit se réduire à deux points : 1o. à connoître & à distinguer tous les individus d’un troupeau, comme un maître d’école connoit le signalement de chacun des enfans de sa classe ; par ce moyen, le berger distingue au premier coup d’œil, & par la simple inspection extérieure, la brebis qui est malade, de celle qui ne l’est pas ; 2o. à les traiter dans leurs maladies. Mais comment l’amener au second point si important, si le berger ne s’est pas attaché à étudier les symptômes des maladies, leur marche, leurs progrès & leurs terminaisons ? Cet esprit d’observation suppose des notions préliminaires qu’il n’a pas. Et qui peut lui avoir donné ce coup d’œil juste, sinon le tems & l’expérience ? Ce n’est pas le tout : malheureusement sa science consiste, pour l’ordinaire, dans l’assemblage de quelques recettes de médicamens qu’il applique dans presque tous les cas. Les maladies des troupeaux sont moins nombreuses & moins compliquées que celles des hommes ; & malgré cela, elles le sont encore trop relativement à la science des bergers. La plus légère épizootie enlève un troupeau, & ce n’est pas leur faute ; ce qui prouve la nécessité d’une école pour les bergers, ou bien d’être instruits par leurs maîtres, si les maîtres ont assez d’intelligence pour saisir les conseils & les manières d’administrer les remèdes rassemblés dans les bons livres imprimés sur ce sujet. Les suédois, plus attentifs que nous sur leurs propres intérêts, ont des écoles de bergers soutenues par l’état, & protégées directement par le roi. Le gouvernement fait distribuer à la porte de toutes les églises de la campagne & des villes, un petit Traité pour servir d’instruction à ceux qui voudront élever des brebis. Au mot Mouton, on entrera dans les plus grands détails sur leur éducation.


BERGERIE. Lieu où l’on enferme les moutons & les brebis. Elle diffère du parc, en ce qu’elle est couverte & presque toujours murée ; de l’étable, qui sert également aux bœufs, aux cochons, aux brebis ; au lieu que la bergerie est uniquement consacrée aux moutons, brebis, &c. Le mot bergerie est inconnu en Espagne ; les bêtes blanches sont toujours dans les champs, sur les montagnes, &c. à moins qu’on appelle bergerie le lieu où l’on fait la tonte, & ou ces animaux restent pendant vingt-quatre heures avant d’être tondus, afin que la sueur & une forte transpiration nettoient la peau. La pratique espagnole sera détaillée fort au long au mot Mouton.


I. De la forme & de la position de la Bergerie.
II. Des murs & des jours de la Bergerie.
III. De la propreté qu’elle exige.
IV. De la litière, & du tems de la lever.
V. Des meubles de la Bergerie.
VI. Du dépôt des fourrages.
VII. Des Bergeries ouvertes.

I. De la forme & de la position de la bergerie. Le carré long est préfé-