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que le vent le plus violent pourroit faire pour renverser l’arbre en dedans. Cette perche peut être double ; & au moyen de quatre chevilles de fer avec clavettes, elles peuvent embrasser les deux branches opposées, & les empêcher de s’écarter ou de se rapprocher trop ; mais il faut, dans ce cas, mettre entre les chevilles de fer & les branches, des petites planchettes, avec un bourrelet de paille, pour empêcher que le frottement continuel ne fasse en très-peu de tems des plaies aux branches.

Lorsque les arbres se trouvent plantés dans un fonds de terre qui leur convient ; qu’ils peuvent y étendre à leur aise leurs racines, & qu’on leur a fait peu à peu former le berceau, on n’a plus rien à craindre, parce que les racines opposées aux efforts du vent & à la courbure, ont pris de la force à mesure que les obstacles ont augmenté. On a remarqué que plus un arbre étoit exposé aux tempêtes, plus il poussoit ses racines en avant dans la terre, & plus elles étoient en état de résister aux efforts des ouragans. On voit au contraire, que les arbres qui y sont le moins exposés, ont les racines moins grandes & moins enfoncées dans la terre ; aussi sont-ils plutôt renversés quand ils se trouvent agités par des tourbillons de vent. On en voit assez fréquemment des exemples dans le milieu des forêts ; au lieu que sur les lisières des bois, où les arbres sont beaucoup plus exposés aux vents, on en voit rarement de renversés par leur violence.

Quatrième genre. Des berceaux en treillages. Des cerceaux en bois ou en fer, supportés sur des pieds droits, ou en fer, ou en pierre, ou en bois, forment la masse du treillage ; des lattes qui se croisent depuis huit pouces jusqu’à un pied de distance, garnirent cette masse. Ce n’est pas le cas de décrire ici de quelle manière il faut s’y prendre pour établir un treillage simple ou composé ; c’est au charpentier ou au menuisier à l’exécuter. Nos pères se contentoient autrefois de ceux dont on vient de parler ; mais le luxe, qui corrompt tout, les a regardé avec mépris à cause de leur simplicité, & les a relégués dans les jardins des bourgeois habitans la campagne. Il faut aujourd’hui des berceaux en treillage, décorés de toutes les richesses de l’architecture. Ils coûtent immensément plus, & procurent moins d’ombrage. Consultez l’Ouvrage intitulé : Le Menuisier Treillageur, publié dans les Arts de l’Académie, par M. Roubo ; il ne laisse rien à desirer sur ce sujet.

La vigne est une des plantes sarmenteuses la plus propre pour couvrir complétement & promptement un berceau ; & entre toutes les espèces de vignes, celle qu’on nomme à Paris, vigne à verjus, est la plus avantageuse ; ses feuilles sont très-grandes, ses yeux assez rapprochés, & elle pousse des sarmens vigoureux.

Toutes les espèces de chèvrefeuille, le jasmin ordinaire, servent à couvrir les berceaux ; mais l’un & l’autre ont le défaut de se dégarnir par le pied, & de n’avoir de la verdure qu’à l’extérieur ; de manière qu’on a la triste perspective, en se promenant, de voir du bois