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à hauteur d’appui, ou à la hauteur de trois ou quatre pieds, mais jamais plus, & sert de base au vide formé par l’arcade ; & le tout ensemble dessine ce qu’on appelle un cloître. Dans la seconde, ces soubassemens sont supprimés, & les arbres forment l’arcade. La longueur & la largeur de l’allée, décident de la largeur & de la hauteur de ces espèces de portes, & des panneaux de verdure. On est parvenu, sur-tout avec le hêtre, à former tous les avants-corps, toutes les bosses dont l’architecture décore les bâtimens. C’est-là le grand triomphe, & ce que le jardinier tailleur d’arbres appelle le chef-d’œuvre. Au premier coup d’œil il est frappé ; il admire la difficulté vaincue ; mais bientôt après, cette constante uniformité le détourne pour le porter sur la campagne, ou les arbres qui l’embellissent ne sont pas fournis au ciseau du jardinier. Admire qui voudra ces chef-d’œuvres ; ils sont peu de mon goût. Je conviens cependant qu’ils ne sont pas déplacés près de l’habitation.

Troisième genre. Des berceaux formés par des arbres. Le maronnier d’Inde, le tilleul, l’ormeau, le platane, le chêne, le hêtre, le noyer, &c. sont les arbres dont on se sert communément.

Les berceaux de ce genre sont dégarnis de branches jusqu’à une certaine hauteur, & à peu près jusqu’à l’endroit où les branches commencent à former la voûte.

Si la longueur & la largeur du berceau ne sont pas considérables, le tilleul de Hollande mérite d’être employé. La voûte aura à peu près vingt pieds de hauteur, & deux à trois pieds d’épaisseur à son sommet ; toute la partie supérieure sera taillée en manière de table. Outre l’arcade générale formée par la réunion de tous les arbres, on peut ménager une arcade particulière sur les côtés entre deux arbres, & ainsi pour tous les arbres suivans. Le tilleul de Hollande se prête à ces différentes formes. Il y aura dans ce genre de travail, trois difficultés vaincues. La première sera la formation de la grande arcade ; la seconde, celle des arcades particulières ; & la troisième enfin, la table ou plate-forme qui règnera sur toutes les arcades. On pourroit en ajouter une quatrième ; celle de taille, en manière de mur, des côtés qui concourent à établir la voûte générale & les voûtes particulières.

Si, au contraire, l’allée a beaucoup d’étendue, & une largeur proportionnée, c’est le cas de donner au moins vingt-quatre pieds de distance d’un arbre à un autre, même en supposant un bon terrain. Si le sol est mauvais, ou de médiocre qualité, à moins qu’on ne lui en substitue d’autre sur une très-grande largeur & profondeur, on espèrera en vain de se procurer un berceau, bien fourré. Tous les arbres dont on a parlé sont bons pour les berceaux. Ceux qui desireront jouir plus promptement, se serviront, ou du marronnier d’Inde, ou du grand tilleul. Le noyer est aujourd’hui réputé trop bourgeois ; l’ormeau est excellent, & le chêne admirable, lorsqu’on ne plante pas uniquement pour soi. Ce dernier demande peu de soins, & la nature fait presque tous les frais.

Il est très-difficile de disposer les