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La semence est conseillée par quelques-uns dans les difficultés d’uriner, dans la suppression des écoulemens périodiques. La décoction de la racine, prise intérieurement, est laxative, & soulage les personnes sujettes aux vapeurs.

Cette plante, dont les feuilles des racines ont une grande étendue, nuit considérablement aux prairies, lorsqu’elle s’y multiplie ; ce qui arrive très-facilement après la maturité de son fruit. On peut cependant en tirer un bon parti pour la nourriture des vaches, qui l’aiment beaucoup ; il suffit de la couper près de terre lorsqu’elle va fleurir, sans chercher à arracher sa racine. Comme cette plante ne vit que deux ans, on est sûr de la détruire si on l’empêche de fleurir & de grainer. Si on la coupe trop tôt, c’est-à-dire, si les ombelles ne sont pas déjà formées, il est à craindre que les racines ne produisent de nouvelles tiges, & par conséquent de nouvelles fleurs & de nouvelles graines.


BERCEAU. C’est une allée quelconque, recouverte par une espèce de voûte. Il y a deux manières de couvrir cette allée, ou avec les branches des arbres qui la forment, ou avec des lattes disposées en treillage ; & dans ce second cas, il faut recourir à des arbustes grimpans pour la couvrir. Tels sont le chèvre-feuille, le jasmin, la bignone, &c.

Premier genre. Si on veut un berceau verd, depuis le bas jusqu’au sommet, c’est ordinairement la charmille que l’on emploie ; ses rameaux se prêtent à toutes les fantaisies des jardiniers. Le hêtre est également utile ; le verd luisant de ses feuilles rend le coup d’œil plus agréable, mais on jouit moins promptement qu’avec la charmille, & celle-ci devient plus épaisse. C’est un abus, cependant, de lui laisser prendre plus d’un pied d’épaisseur des deux côtés, à partir du tronc, & cette épaisseur est seulement avantageuse pour les berceaux & pour les allées d’une très-grande étendue. L’épaisseur de six pouces de chaque côté, suffit à une allée ordinaire, parce que dans l’un & dans l’autre cas, tout l’intérieur est dégarni de feuilles, & la verdure n’est que sur l’écorce, s’il est permis de s’exprimer ainsi, du mur de verdure. Cette observation doit être faite de bonne heure, lorsqu’on commence à tailler la charmille. Plus les petites branches seront rapprochées du tronc, plus elles se multiplieront & se garniront de verdure ; mais à mesure qu’elles s’éloignent du tronc, elles sont plus sujettes à laisser des vides, des clarières.

Il y a plusieurs manières de planter les charmilles ou autres arbres destinés à former des berceaux. Les uns laissent les pieds de toute hauteur, tels qu’on les arrache dans les forêts ; les autres les coupent à six pouces au-dessus du niveau de terre. Par la première méthode, on jouit plus promptement, mais moins surement, parce que la reprise est plus difficile ; d’ailleurs, le bas ne se charge pas d’autant de rameaux, & par conséquent de feuilles. Par la seconde, il semble que l’on perd deux ou trois ans de jouissance, & on en est bien dédommagé par la