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ser, d’après le témoignage de Liger, dans ses Amusemens de la campagne, où il dit qu’on l’apprivoise facilement, si on lui frotte les dents avec de l’ail. M. de Buffon a raison de dire que, si on veut les conserver, il faut leur donner un paquet d’étoupes dans lequel elles puissent se fourer & y traîner ce qu’on leur donne, pour le manger pendant la nuit. Si on pouvoit les apprivoiser, leur odeur forte en dégoûteroit. Cet animal est très-hardi & courageux.

S’il pénètre dans un colombier, dans un poulailler il y cause de grands dégâts, casse les œufs & les suce avec avidité ; d’un coup de dent à la tête, tue les petits pigeonneaux & les petits poussins, & les transporte, les uns après les autres, dans sa retraite. Les moineaux, les rats, les chauve-souris, sont pour lui un mets favori ; les rats, les souris, ne trouvent aucune sureté à se réfugier dans leurs trous ; il y entre avec eux, & ils deviennent sa proie. La morsure de cet animal est venimeuse, surtout lorsqu’il est irrité.

Dès qu’on s’apperçoit des ravages de la belette, il faut aussitôt multiplier les pièges. Tels sont les quatre de chiffre & le traquenard, dont on donnera la description au mot Piège ; un œuf servira d’appât, & c’est le plus sûr. Quelques-uns conseillent de prendre une poire ou une pomme bien mûre, de la partager par le milieu, de la saupoudrer avec de la noix vomique, réduite en poudre très-fine, & de rejoindre les deux moitiés. La belette est plus carnivore que frugivore ; elle préférera l’œuf.


BÉLIER. (Voyez Mouton)


BELLADONE, ou Belle-dame. (Pl. 4, pag. 181.) M. Tournefort la place dans la première section de la première classe, qui comprend les herbes à fleur en forme de cloche, dont le pistil devient un fruit mou & assez gros ; & il l’appelle bella dona majoribus foliis & floribus. M. le chevalier von Linné la classe dans la pentandrie monogynie, & la nomme atropa mandragora. C’est aux italiens que cette plante est redevable de son nom de bella dona, ou belle-dame, parce que les dames de quelques contrées d’Italie, préparent avec le suc de son fruit, un rouge pour s’en servir comme du fard. La multiplicité des noms jette souvent les compilateurs peu instruits, dans des erreurs dangereuses. Par exemple, l’auteur du Dictionnaire d’Agriculture, dit, en parlant de la belle-dame : « Sorte d’herbe potagère. Les botanistes l’appellent bella dona, de l’italien. C’est, selon eux, une plante assoupissante. » Ils ont raison. C’est l’auteur qui confond, arroche, ou belle-dame, (voyez Arroche) avec la bella-done, mot qu’on a très-mal à propos francisé en celui de belle-dame.

Fleur, d’une seule pièce, en forme alongée, & découpée en cinq parties à son extrémité ; les étamines, au nombre de cinq, B, adhérentes par leur base à la corolle B, qui est représentée coupée & ouverte. Le calice C, également d’une seule pièce, & découpé en cinq, renferme une baie, sur le milieu de laquelle est implanté le pistil.

Fruit. Baie molle, verte d’abord, & ensuite d’un violet noir ; divisée