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vrier peut enfoncer cet outil dans terre jusqu’à la hauteur du hoche-pied, de sorte qu’il remue la terre à la profondeur de douze à quinze pouces,

VII. De la bêche-pelle de Luques. (Fig. 9) Elle diffère de la précédente, par la manière dont le hoche-pied A est placé sur le manche. Quant à la pelle, ainsi que la douille, elles sont de fer. La pointe B s’use en travaillant, & s’arrondit ainsi que les angles CC. La pelle de quelques-unes, cependant, a la forme des pelles Fig. 7 & 8.

VIII. De la bêche lichet simple. (Fig. 10) Elle est en usage dans le Comtat d’Avignon & dans le Bas-Languedoc. La pelle est composée de deux plaques de fer AA, minces, tranchantes & réunies par le bas, ouvertes par le haut, pour y insinuer un manche B, contre lequel elles sont clouées BB. Ce manche placé dans l’ouverture de la lame, en a toute la largeur ; & pour le reste il est tout semblable aux autres manches ordinaires, c’est-à-dire, qu’il a environ trois pieds de longueur, & un pouce & demi de diamètre. La largeur de la pelle est de huit à neuf pouces dans le haut, de six à sept pouces dans le bas, & de douze pouces dans sa hauteur. Dans le Bas-Languedoc, on nomme cet instrument luchet.

IX. De la bêche lichet à pied. (Fig. 11) Je ne la crois en usage que dans le Comtat. Elle diffère simplement de la précédente par le morceau de fer A, sur lequel l’ouvrier pose le pied pour enfoncer l’outil dans la terre.


CHAPITRE II.

De la manière de se servir des différentes Bêches, de leurs avantages ou de leurs défauts comparés.


En général, la manière de se servir des bêches est la même, puisqu’il s’agit de couper une tranche de terre, de la soulever, de retourner le dessus dessous, & si la terre n’est pas émiettée, de la briser avec le plat de la bêche, après en avoir grossiérement séparé les parties par quelques coups du tranchant.

L’ouvrier, suivant la compacité du terrain, prend plus ou moins d’épaisseur dans ses tranches ; il présente la partie inférieure sur la terre, en donnant un coup avec ce tranchant ; ensuite mettant le pied sur un des côtés de la partie supérieure de la pelle, tenant le manche des deux mains, il presse & des mains & du pied, & fait entrer la bêche jusqu’à ce que son pied touche le sol ; la bêche alors est enfoncée à la profondeur de douze pouces. Pour y parvenir, si la terre est dure, sans déplacer son instrument, il le pousse en avant, le retire en arrière successivement, & cet instrument agit comme agiroit un coin ; il détache enfin la portion de terre qu’il veut enlever.

On doit voir, par ce détail, l’avantage réel des bêches (Fig. 4, 5, 6) sur les autres. La main dont le manche est armé, sert de point d’appui aux deux bras de l’homme qui travaille. Son corps est porté presque totalement, suivant sa force & sa pesanteur, attendu qu’il