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se trouvera chargée, en poids absolu, d’un quart & quelque chose de plus que la bêche ordinaire. Il est prouvé qu’un pionnier de force ordinaire & bien exercé, ne peut soulever à chaque coup de bêche, que cinquante livres de terre ; il résulte que c’est douze livres & demie de terre que la petite poncins soulèvera de plus que la bêche ordinaire.

Mais comme la bêche d’un pied pénètre plus facilement en terre que la petite bêche poncins, l’ouvrier coupe des blocs plus épais, & conséquemment soulève aussi pesant, & peut-être plus, que celui qui mène la grande bêche ; ce qui fait qu’à poids égal, la petite poncins est plus lente & plus pénible que l’autre. La raison en est, que l’ouvrier est obligé à un coup de levier plus puissant lorsqu’il ramène la terre d’un pied & demi de profondeur, que lorsqu’il la ramène seulement d’un pied. Il faut encore qu’il monte la jambe plus haut pour placer le pied sur une si longue bêche ; d’où il suit que moins les hommes seront grands, moins ils auront d’avantages.

Il paroît résulter de ces observations, que tout l’avantage est pour la bêche ordinaire, & le désavantage pour la petite poncins. Cependant M. de Poncins s’est assuré, par une longue suite d’expériences, que le travail de la bêche de dix-huit pouces, devance d’un cinquième de tems sur une tranchée, celui de la bêche d’un pied, sur deux tranchées, lorsque l’on veut miner un terrain. Voici les raisons qu’il donne de cette différence.

« Le mouvement de la grande bêche n’est qu’à deux tems, & à chaque tems, elle ne décrit que dix-huit pouces ; ensorte que dans les deux tems, elle ne décrit que trois pieds ; au contraire, dans la minée de la bêche d’un pied, il y a trois tems ; & dans ces trois tems, la bêche décrit cinq pieds ; ainsi, quelque preste que soit la petite bêche, & quelque lente que soit celle de dix-huit pouces, il n’y a pas plus à s’étonner de voir la grande bêche devancer la petite, que de voir dans la musique la mesure à deux tems plus rapide que la mesure à trois tems. »

III. De la grande poncins, de deux pieds de hauteur, Fig. 5. Elle pèse huit livres trois quarts ; elle a six pouces & demi de large au sommet AB ; cinq pouces neuf lignes est CD, c’est-à-dire, à l’endroit où le manche est incrusté dans le fer ; enfin, quatre pouces cinq lignes de large au bec FG de la bêche. Sa superficie est de cent trente-un pouces carrés ; de sorte qu’elle a vingt-un pouces de plus en surface, que la petite poncins, & quarante pouces de plus que la bêche d’un pied. Au sommet, joignant le manche EE, elle a quinze lignes d’épaisseur. Quant aux autres dimensions, & à la solidité depuis le sommet jusqu’aux reins, & depuis les reins jusqu’au bec de la bêche, elles sont à peu près les mêmes que dans la petite poncins.

IV. Du trident, ou triandine, ou truandine. (Fig. 6) La bêche pleine ne peut être d’aucun usage dans les terrains pierreux & graveleux ; celle-ci supplée aux trois premières. Toute la partie inférieure de A en