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coup de racines, qu’elles remplissent bientôt le vase, elles exigent de fréquens arrosemens dans les grandes chaleurs, mais non pas le bec de grue triste ; son tubercule pourriroit.


BÊCHE. Instrument d’agriculture ou de jardinage, composé d’un manche de bois plus ou moins long, suivant les espèces de bêches, & d’un fer large, aplati & tranchant. Voici comment s’explique l’auteur du Dictionnaire économique, au sujet de cet instrument, au mot Bêche, édition de 1767.

« On se sert de cet instrument ainsi emmanché, pour remuer & labourer la terre ; ce qui se fait en y enfonçant la bêche à la profondeur d’un pied, afin de la renverser sens dessus dessous, & par ce moyen faire mourir les méchantes herbes, & disposer en même tems la terre à recevoir la semence ou un nouveau plant de légumes. La bêche a aussi l’avantage de briser la terre en petites molécules, mais le labour qu’elle fait est long, pénible & coûteux ; de sorte qu’on ne peut guère en faire usage que dans les jardins, ou dans de petites pièces de terre encloses de haies. » C’est ainsi que l’on s’explique lorsqu’on copie des auteurs qui ne connoissoient pas l’objet dont ils parloient, ou qui ignoroient de quelle manière on cultive dans nos différentes provinces. Le cabinet est d’une triste ressource, lorsqu’il est question d’agriculture-pratique. Examinons la forme des différentes espèces de bêches, & ensuite nous discuterons les avantages qu’on en retire, même pour la culture des grains & des vignes.

CHAP. I. Des différentes espèces de Bêches.

CHAP. II. De la manière de se servir de différentes Bêches, de leurs avantages ou de leurs défauts comparés.

CHAP. III. Des avantages que l’agriculture retire de l’usage de la Bêche.


CHAPITRE PREMIER.

Des différentes espèces de Bêches.

1o. De la Bêche ordinaire. Trois objets concourent à sa formation. La main A, Fig. 1, Pl. 5 ; BB le manche & la partie en bois de la pelle ; C, le fer ou tranchant, Fig. 2, qui forme avec le bois la pelle toute entière, Fig. 3. La longueur du manche, depuis A jusqu’en B, Fig. 1, est ordinairement de deux pieds quatre pouces. Il peut être raccourci d’un à deux pouces, ou alongé sur les mêmes proportions, relativement à la grandeur de la personne qui travaille. Ce manche a depuis douze jusqu’à treize lignes de diamètre. Il tient à la partie de la pelle B, ou plutôt, c’est une même pièce de bois ; mais la main A est une pièce qu’on ajoute ensuite. Dans le milieu, une mortaise est pratiquée pour recevoir l’extrémité du manche, coupée en proportion de la largeur & de la profondeur de la mortaise ; il faut que cette portion du manche, enfoncée dans la mortaise, soit de niveau, & affleure la partie supérieure de la main, afin qu’il ne reste ni proéminence, ni creux ; ce qui fatigueroit le dedans de la main de l’ouvrier. Une cheville d’un bois dur, C, donne de la solidité, & fixe ensemble la main