marquées dans le milieu d’une tache roussâtre foncée. La fleur n’a rien de flatteur à la vue, mais elle en dédommage bien par l’odeur qu’elle commence à répandre dès que le soleil se couche, & pendant toute la nuit.
La culture de ces trois dernières espèces de becs de grue, est facile dans les provinces méridionales ; il suffit de semer la graine dans des pots remplis de terre légère, & placés dans une bonne exposition. Le tems du semis est le mois de Mars. Dans nos provinces du nord, elles exigent la couche & les châssis. Cette méthode est lente & indispensable, lorsqu’on ne peut pas se procurer des boutures. S’il est possible d’en avoir, il faut renoncer au semis, puisqu’avec la plus petite bouture on a le plaisir de garnir un vase, & de le voir fleurir plusieurs fois pendant l’année. Aucune plante ne réussit plus complétement ; on peut même couper une tige en plusieurs morceaux ; s’il reste un œil à chacun, ils formeront autant de plantes. Il n’en est pas ainsi du geranium triste, qui se multiplie par ses tubercules. Dès que l’on aura séparé un morceau de la tige, il suffit de le planter, de l’arroser tout de suite, & de transporter le vase à l’ombre pendant quelques jours. Sur cent boutures, on n’en manquera pas une. J’en ai fait depuis le mois de Mars jusqu’au mois d’Octobre ; les plus printannières passent mieux l’hiver, parce qu’elles ont eu le tems de donner un bon nombre de racines. On peut en planter une douzaine dans un vase d’un pied de diamètre ; & un mois après, mettre chaque pied dans un vase séparé. Plus le vase est grand, plus la plante prospère, plus elle multiplie ses rameaux, & par conséquent ses fleurs. Une attention singulière à avoir, c’est de ne pas placer les vases dans un endroit exposé à être battu des vents ; s’ils sont un peu impétueux, ils cassent les rameaux & les séparent de leur tige. Cependant le mal est peu considérable, puisque chaque morceau cassé & remis en terre, même quelques jours après, forme autant de nouvelles plantes.
L’hiver est redoutable pour ces plantes originaires des côtes d’Afrique ; la gelée fait pourrir les tiges. Il faut se hâter, si on a été surpris, de séparer le mort du vif, autrement la pourriture gagneroit toute la plante ; cependant elles n’exigent pas les serres chaudes ; une bonne orangerie suffit.
Comme ces plantes approchent, par leur texture, de la nature des plantes grasses, elles craignent comme elles, la trop grande humidité pendant l’hiver. De là, l’indispensable nécessité de les placer près des fenêtres de l’orangerie ; & s’il se peut, de ne pas les priver de la lumière du soleil. Après l’hiver, lorsqu’on sortira les pots de l’orangerie, il faudra penser aussitôt à leur donner de la terre nouvelle, dépotter la plante, & châtrer les racines assez près : elle en aura bientôt poussé de nouvelles. C’est encore à cette époque, ou du moins 15 jours après, qu’on la dégarnit d’une quantité suffisante de ses rameaux, soit pour en faire des boutures, soit pour conserver à cette espèce d’arbrisseau une forme agréable. Comme ces plantes poussent beau-