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avec une spatule de bois. Ce tems expiré, ajoutez,

Térébenthine de Venise, fine, une livre.

Incorporez bien le tout avec la spatule, pendant une ou deux minutes ; retirez le vaisseau du feu ; & quand le baume sera un peu refroidi, jettez-y,

Camphre en poudre, 2 gros.

Mêlez bien avec la spatule ; coulez ensuite à travers un linge dans un autre vaisseau ; laissez reposer jusqu’au lendemain. Lorsqu’il sera figé, faites de profondes incisions en forme de croix dans le baume, avec la spatule, pour faire écouler l’eau qui sera déposée dans le fond, mettez enfin dans un pot de faïence pour le conserver.

La manière d’employer ce baume consiste à frotter la partie gangrenée, ulcérée, meurtrie, blessée, &c. sans avoir égard à ce qui est même cadavéreux ; de la couvrir de linge ou de papier brouillard, sur lequel on en a étendu ; de panser le malade deux fois par jour, & de continuer jusqu’à ce qu’il soit guéri.

M. Duverney, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1702, assure, d’après l’expérience, que ses effets sont assurés contre les blessures qui pénètrent ou ne pénètrent pas, contre les rhumatismes, contre les douleurs, de quelqu’espèce qu’elles soient, même les douleurs internes, comme celles de la pleurésie, les coliques, les maux de tête, &c. & en l’étendant chaud sur la partie malade, & en faisant prendre deux gros par la bouche. On s’en sert également dans les fièvres malignes, contre la morsure des animaux venimeux, les meurtrissures, les foulures, les brûlures.

Si la blessure pénètre dans la cavité du corps, on en seringue une petite quantité, légérement tiède, dans la plaie, en oignant les parties voisines, & on prend intérieurement un gros & demi, ou deux gros, dans un bouillon. Il est bien démontré que c’est un excellent anti-gangreneux.

Les amateurs des baumes peuvent consulter les différentes pharmacopées, où ils trouveront la manière de les préparer. Ceux qui viennent d’être indiqués suffisent, & au-delà, pour les besoins journaliers, & équivalent à cette longue série de pots qui décorent la boutique des apothicaires.


BAUMIER, ou Lotier odorant, ou Melilot odorant. (Pl. 4) M. Tournefort le place dans la quatrième section de la dixième classe, qui comprend les herbes à fleur en papillon, & dont les feuilles des tiges sont ternées ; il l’appelle melilotus major odorata violacea. M. le chevalier von Linné le classe dans la diadelphie décandrie, & le nomme trifolium melilotus cœrulea.

Fleur, papilionnacée, composée de quatre pétales ; le supérieur ou étendard B, est oblong, plié dans sa longueur, découpé en cœur à son extrémité supérieure ; il se replie & se termine presqu’en pointe à sa base, & est marqué de quelques nervures ; les ailes C, au nombre de deux, sont placées, une de chaque côté, & recouvrent les parties sexuelles de la plante ; elles s’attachent au fond du calice par un long appendice ; la carenne D est placée