Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reroient pas. (Voyez les deux règles précédentes)


Neuvième Règle.

Dans un tems fort chaud, la descente du mercure prédit le tonnerre, quand elle est considérable & si elle est très-petite, il y a encore du beau tems à espérer. Les grands changemens qui s’opèrent, par la condensation des nuages & l’allégement de l’atmosphère, causent des agitations qui électrisent les nuages, & enflamment les substances gazeuses qui se sont élevées, par la chaleur, à différentes distances ; de là le tonnerre & les météores ignées qui se rapportent à ce terrible phénomène. On ne doit pas être étonné que, dans les tremblemens de terre, lorsque l’air est rempli d’exhalaisons chaudes qui s’élèvent du sein des cavernes échauffées & des gouffres qui s’entr’ouvrent & se crevassent, le baromètre descende au plus bas degré ; l’air est alors très-raréfié ; & comme il ne soutient plus le nuage, il tombe souvent des pluies considérables, il se forme des vents, & des tempêtes violentes agitent & soulèvent les flots des fleuves & des mers des voisinages.


Dixième Règle.

Quand le mercure monte en hiver cela annonce de la gelée. Descend-il un peu sensiblement ? il y aura un dégel. Monte-t-il encore lors de la gelée ? il neigera. C’est ordinairement le vent du nord qui, dans l’hiver, fait monter le mercure ; il y aura donc du froid, & par conséquent de la gelée. Le vent du sud, au contraire, le faisant descendre, ammenera du dégel. Si les nuages se condensent & tombent durant la gelée, ils se résoudront en pluie que le froid convertira en neige ; mais, comme nous l’avons déjà remarqué, ce mouvement des nuages fera hausser la colonne de mercure.

Telles sont en général les règles de conjectures sûres que l’on a tirées des observations exactes de la marche du baromètre ; tous les autres cas dépendent de ceux-ci, & peuvent y être facilement ramenés.


Section IV.

De l’usage du baromètre, & de la manière de s’en servir pour mesurer les hauteurs.

Le plus grand avantage que l’on retire du baromètre est, sans contredit, la connoissance qu’il nous donne de la pression actuelle de l’atmosphère sur tous les corps, pression qui, comme nous l’avons vu déjà, (voyez Air) influe si considérablement sur l’économie animale & végétale. Outre cette connoissance certaine de sa marche comparée, on peut tirer des inductions plus que probables des changemens prochains de tems, & dresser à volonté une table exacte de ses variations, qui font partie des observations météorologiques. Pour former ces tables, voyez l’article Météorologie, où nous en donnerons d’universelles pour tous les instrumens propres aux observations.

Pour tirer tout le parti d’un baromètre dont on est assuré de la bonté & de la justesse, il faut qu’il soit suspendu contre un mur