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mercure à la manière ordinaire ; le mercure abandonne une partie du renflement supérieur AB pour remplir celui d’en bas jusqu’en E, ligne de niveau ; & l’espace depuis EC jusqu’en B est la hauteur de la colonne de mercure qui doit exprimer les variations de l’atmosphère. Pour les rendre sensibles, on établit ce tube sur une planche LM, à laquelle est fixé un cadran IK, dont on divise la circonférence en 36 parties égales, dont chacune désigne une ligne réelle d’abaissement ou d’élévation du mercure dans le tube, ce qui forme par conséquent un espace de trois pouces. Derrière ce cadran est une petite poulie P, extrêmement mobile, dont l’axe porte une aiguille très-légère OR. Cette poulie a deux gorges sur l’une desquelles est attaché, par le moyen d’une soie F, le petit poids G, beaucoup moins pesant qu’un pareil volume de mercure. Sur l’autre gorge est attaché, par la soie I, H mais dans un sens contraire, le petit poids H, moins pesant que le poids G.

Telle est toute la construction du baromètre à cadran, en voici le mécanisme. Quand, par la pression de l’atmosphère, la colonne de mercure descend de E vers D, le poids G le suit, & par-là fait tourner la poulie P, & par conséquent l’aiguille OR ; si au contraire la pression diminue, & que la colonne remonte de D en F, elle soulève le poids G, & alors le petit poids H, qui n’est plus soutenu, fait tourner dans l’autre sens la poulie & l’aiguille.

On sent facilement que la perfection de cet instrument dépend de l’exacte proportion entre le diamètre de la poulie & la division du cadran. Pour qu’elle soit juste, il faut que la poulie fasse un tour entier sur elle-même, lorsque la colonne de mercure E varie de dix-huit lignes dans le renflement DF ; mais, avec tout cela, cette espèce de baromètre ne doit jamais être préféré au baromètre simple de Toricelli, & ne peut servir que pour des observations météorologiques générales ; car 1o. les petites variations du mercure ne s’y font point appercevoir aussi promptement que dans un baromètre simple & ordinaire, à cause des frottemens ; 2o. le fil qui embrasse la poulie est susceptible des impressions de la sécheresse & de l’humidité ; lorsqu’il se dessèche, il s’allonge, & le contre-poids H descend & fait tourner l’aiguille ; lorsque ce fil s’imbibe d’humidité, il se raccourcit & la poulie tourne encore, quoique le poids de l’atmosphère demeure le même dans l’un & l’autre cas.

En supposant ces deux baromètres aussi parfaitement exécutés qu’il est possible, sur-tout le premier, on croira avoir un instrument qui devra suivre exactement les variations de l’atmosphère, & indiquer les changemens de tems ; cependant ce baromètre composé de mercure doit nécessairement éprouver différens degrés de dilatation & condensation, & devenir, pour ainsi dire, un thermomètre. Ce défaut très-considérable par les conséquences, dans les observations délicates & minutieuses, a fixé l’attention des savans