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colonne de mercure haussoit, baissoit & souffroit des variations dans sa longueur, suivant les variations de l’atmosphère. Il remarqua que lorsque cette colonne s’alongeoit le tems devenoit beau & serein ; que lorsqu’elle diminuoit de hauteur, le mauvais tems & la pluie succédoient : il imagina donc que cet instrument pourroit être regardé comme un indicateur des changemens du tems.

D’autres physiciens mirent plus d’exactitude dans leurs observations, & les perfectionnèrent ; mais le tube de Toricelli, premier baromètre, avoit deux défauts essentiels dont on s’apperçut bientôt, & qu’on parvint insensiblement à corriger. Le premier, c’est que la partie supérieure du tube qui paroît vide, ne l’étoit pas effectivement, puisqu’elle contenoit de l’air qui, jouissant d’une force expansive naturelle, & soumis aux variations de la chaleur & du froid, empêche nécessairement le mouvement de la colonne de mercure, & s’oppose à ce qu’elle ait sa hauteur exacte. Le second défaut venoit des molécules d’air même, disséminées dans le mercure, qui, se dilatant & se condensant suivant la température de l’atmosphère, fait varier la longueur de la colonne de mercure, la pesanteur & le ressort de l’air étant les mêmes. Ces deux défauts nuisoient absolument à la perfection de cet instrument ; ils disparoissent, ou plutôt ils n’ont pas lieu, quand il est construit avec exactitude, & d’après les principes que nous allons donner.

On distingue deux espèces de baromètre, le baromètre simple & le baromètre double ou composé. Le baromètre simple, qui approche le plus du tube de Toricelli, est, sans contredit, le plus parfait, pourvu que, dans sa construction, on apporte toutes les précautions nécessaires. Prenez un tube de verre de 30 à 36 pouces de longueur, de deux lignes ou environ de diamètre. Ce diamètre doit être bien égal dans toute sa longueur ; plus petit, la colonne de mercure éprouveroit trop de frottement ; plus gros, la ligne de niveau seroit sujette à trop de variations. Il faut que le tube soit bien net en dedans ; pour le nettoyer intérieurement, on y passe un peu de coton très-sec. On doit bien se garder de le laver avec quelque liqueur que ce soit, d’y souffler même dedans, en un mot, d’y introduire la moindre humidité, car l’expérience a appris que le mercure se tient plus bas dans un tube lavé que dans tout autre. On scelle hermétiquement un des bouts du tube A, B, (Fig. 1, Pl. 4) en faisant un petit étranglement en C, afin que si l’on vient à renverser ou incliner le baromètre, la colonne de mercure, tombant contre le haut A, ne puisse casser le tube. On fera ensuite chauffer le tube, & on y introduira une certaine quantité de mercure aussi chaud que le verre pourra le soutenir sans se casser ; & le tenant au-dessus d’un réchaud plein de charbons allumés, on fera bouillir le mercure, afin de le dégager de tout l’air interposé dans ses pores. Pour détacher ces bulles plus facilement, on se sert d’un fil de