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dens pour l’établissement de bains publics gratuits, ou peu coûteux, dans tous les lieux qui le permettroient ; combien de malheureux, après les fatigues accablantes d’une journée passée à l’ardeur dévorante de la canicule, ou dans l’exercice des métiers qui exigent l’usage continuel du feu, y trouveroient le délassement de leurs travaux, & préviendroient les maladies cruelles qui sont les suites d’épuisement & de sueurs arrêtées. Puissent nos vœux toucher le cœur des ames sensibles, qui armées du pouvoir, ne se bornent pas, quand ils le veulent, à de tristes desirs, & ont le bonheur de pouvoir commander le bien, & de le faire exécuter. M. B.


BAISSER, Terme des vignerons des environs d’Auxerre & de la partie de Bourgogne où la vigne est attachée à une perche soutenue par un échalas. Ils entendent par là, courber comme le dos d’un chat, la portion de sarment laissée sur cep après la taille. Cette pratique diffère de celle de Côte-Rotie en ce que le sarment décrit presque un cercle entier, & son extrémité revient aussi bas que l’endroit d’où ce sarment prend naissance. La méthode bourguignone ne fait décrire qu’une portion de cercle à ce sarment. Si on demandoit aux paysans de ces deux cantons, la raison physique qui les a déterminés à plier ainsi le sarment ; il répondroient c’est la coutume ; mais pourquoi est-elle établie ? Ils auroient beaucoup de peine à répondre à ces questions. Tâchons d’y suppléer pour eux ; 1.o le raisin est plus directement exposé aux rayons du soleil, il n’est pas enseveli sous un monceau de feuilles comme dans les autres cantons du royaume ; 2.o il règne au tour de lui un plus grand courant d’air ; dès-lors son suc est mieux élaboré, moins aqueux, & par conséquent, le raisin moins sujet à pourrir dans les années pluvieuses ; 3.o le motif dominant, & le plus important de tous, est que cette manière de plier l’arçon, resserre le diamètre des canaux séveux, & la séve est forcée de monter plus pure & moins impétueusement. Comme son canal direct, ou plutôt la perpendicularité du sarment est supprimée, le cep ne s’épuise pas à produire ces longs & inutiles sarmens qui produisent sur la vigne le même épuisement que celui occasionné par les gourmands sur les arbres fruitiers ; enfin ce cep, dont le sarment est baissé ou arçonné, ne donne, en général, que des sarmens à fruit pour la taille suivante. Cet objet mérite d’être pris en considération par les propriétaires qui désirent se procurer des vins de qualité sur les hautains du Béarn : on devroit arçonner les sarmens & attacher les pampres à la perche supérieure ou à la branche supérieure de l’arbre, pour les hautains du Dauphiné dans les voisinages de Grenoble.


BAISSIÈRE. Liqueur un peu trouble qui couvre la lie du vin, de la bière & du cidre. Il n’est pas prudent de boire ou de faire boire ces baissières ; celles du vin contiennent du tartre en surabondance, elles occasionnent des coliques ; il vaut mieux les conserver pour jet-