contraire, faire tourner la baguette du dedans en dehors ? il suffit de serrer les deux doigts en les rapprochant, alors la baguette coule pour ainsi dire, & tombe de sa situation horizontale à la perpendiculaire.
La supercherie est plus facile à saisir dans la seconde & la troisième façon de porter la baguette : il faut avoir soin pour la seconde manière, de choisir une baguette dont une des branches soit plus forte, plus pesante & un peu plus longue ; on la pose sur le dos de la main, de façon que le pouce ou l’index écartés des autres doigts, soutienne en équilibre cette grosse branche ; en rapprochant le pouce ou l’index, cette branche perd son point d’appui, & retombe perpendiculaire à l’horizon en faisant un quart de révolution sur elle-même. Le mouvement d’oscillation de l’homme qui marche, détermine & accélère encore cette chûte.
Enfin, en serrant plus ou moins les deux bâtons, dans le troisième cas, en les dirigeant en haut & en bas, il sera très-facile de les faire incliner dans le sens que l’on voudra, sur-tout ne portant l’un contre l’autre que par un très-petit point de contact.
Tel est à peu près le méchanisme des mouvemens de la baguette divinatoire. Tout le monde peut le répéter, & avec un peu d’attention & d’exercice, tout le monde aura le pouvoir de faire tourner cette baguette magique ; mais avec ce précieux talent, personne n’aura le secret de découvrir, par cela seul, des sources ou des mines.
Cependant, dira-t-on, très-souvent on a creusé dans les endroits indiqués par la baguette, & l’on a rencontré des sources ; on l’a vue tourner sur des pièces de métal cachées dans la terre. Comment ces charlatans ont-ils pu deviner & rencontrer ce qu’ils cherchoient ? Ils n’ont rien deviné, ils ont seulement abusé de votre ignorance & de votre préoccupation. Les eaux des pluies & des neiges, qui ne peuvent pas avoir d’écoulemens, soit par le défaut de pente du terrain sur lequel elles tombent, soit par la nature même du sol qui est léger & maigre, s’imbibent facilement, se ramassent dans le sein de la terre, lorsqu’elles rencontrent des bancs d’argile ou de pierre. Toute l’eau qui coule des montagnes se rassemble dans les plaines & les bas fonds, y forme des sources multipliées, qui, si elles ne se forment, ou ne trouvent point d’issue, continuent à couler dans l’intérieur de la terre. Il n’est donc pas étonnant que dans tous les endroits où on creusera, on y rencontre de l’eau. D’après cette vérité, les hommes à baguette la font tourner où ils veulent, & encore plus souvent dans l’endroit à peu-près, où celui qui les paye desire trouver une source. La vraie charlatannerie consiste à assurer qu’on trouvera de l’eau à telle ou telle profondeur. La plupart du temps ils se trompent, & la triste victime de leur fourberie est toujours la dupe, qui plein de confiance, entreprend un travail sur leur indication. Combien de fois n’arrive-t-il pas que l’on a creusé deux ou trois fois plus profondément qu’ils ne l’avoient annoncé, sans rencontrer la moindre goutte d’eau ? Alors pour