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à la fin de ce régime avant que de les tuer, le lard en est plus ferme. L’avoine augmente considérablement le lait des vaches & des brebis, & le lait en est plus gras. Les Espagnols pensent qu’il seroit plus sage de donner l’orge aux bêtes, & de garder l’avoine pour l’homme.

X. Du grain considéré relativement à la nourriture de l’homme. L’avoine moulue comme le blé, fournit une farine avec laquelle on fait du pain. Il est très-compacte, foncé en couleur, amer, & malgré cela, il n’en fait pas moins la nourriture principale des malheureux habitans de nos montagnes : tous les paysans du nord de l’Angleterre & de l’Écosse, n’ont pas d’autre pain, & ne boivent que de l’eau. Du lait, du beurre, du fromage, leur aident à supporter cette nourriture, & cependant, ils n’en sont pas moins sains, forts & vigoureux. La sobriété, l’exercice, le bon air & le lait, ne sont-ils pas les premières causes de leur bonne santé ? Nos ancêtres & les Germains, vivoient, au rapport de Pline, avec de la bouillie faite avec la farine d’avoine.

Le gruau est une avoine mondée & dépouillée de son écorce, & moulue grossiérement ; il est d’un très-grand usage en Bretagne pour la nourriture ordinaire. On le fait bouillir dans l’eau, ou dans du lait, ou dans du bouillon, ainsi que la farine, & en Angleterre on en fait des gâteaux.

En Hollande, en Allemagne, en Angleterre, l’avoine sert à faire de la bière qui est très-fine & très-délicate. Pourquoi ne l’emploie-t-on pas en France pour cet usage ?

La balle de ce grain est douce, souple, peu susceptible de prendre l’humidité, ce qui l’a fait choisir pour les paillasses des enfans au berceau ; elle sert souvent de matelas aux gens de la campagne.

XI. De ses propriétés médicinales. La semence nourrit légérement, tempère la soif & la chaleur dans les maladies inflammatoires & les fièvres aiguës avec sécheresse de la bouche, avec chaleur dans l’abdomen & ardeur des urines. Quelquefois elle calme la toux essentielle, la toux convulsive, l’asthme convulsif, le rhume catarral, la colique néphrétique occasionnée par des graviers, la diarrhée produite par des médicamens âcres.

Le gruau d’avoine, depuis demi-once jusqu’à deux onces, mis en décoction dans deux livres d’eau pendant demi-heure, & ensuite passé & édulcoré avec du sucre, forme une boisson légère & nutritive.

Plusieurs personnes regardent comme un fort bon remède, pour enlever la douleur de côté dans des fluxions de poitrine, l’avoine fricassée dans du vinaigre, & appliquée entre deux linges sur le côté malade. Les maréchaux la font bouillir dans du vin, & l’appliquent bien chaude sur les flancs des animaux qui ont des tranchées.

On la recommande cuite avec du beurre pour dessécher la gale de la tête.


AVORTEMENT. Si la poussière fécondante renfermée dans les anthères des étamines, après être tombée sur le stigmate du pistil, n’y prospère point, par quelques causes particulières ; si dans le temps de la fleuraison, des insectes endomma-