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le volume de l’animal, sur son plus ou moins d’appétit habituel, &c.

2o. De la paille coupée en verd & mise ensuite à sécher. L’époque pour couper cette avoine est la même que la précédente ; avec cette différence cependant, que moins pressé par le besoin, on peut choisir un beau jour, & attendre que tous les grains soient à peu près formés également.

Cette paille ou ce foin-paille offre une ressource très-précieuse aux provinces méridionales qui manquent de fourrages naturels. Il y a plus, le foin-avoine vaut beaucoup mieux que le foin naturel ; la raison est évidente. Quel est le tems où les plantes ont le plus de sucs & le plus de principes, sinon celui où, de concert avec la nature, elles réunissent tous leurs efforts afin de donner la vie, l’accroissement & la perfection à l’individu qui doit reproduire son espèce ? Le moment où le grain est fécondé, est le moment le plus vigoureux de la plante ; un seul coup d’œil suffit pour s’en convaincre : mais si vous voulez avoir une conviction encore plus intime, mâchez une tige d’avoine avant l’époque de la fleuraison, mâchez-la quand le grain est formé, enfin mâchez-la lorsque le grain est mûr ; vous y trouverez dans le premier cas, un goût d’herbe & beaucoup d’eau ; dans le second, moins de goût d’herbe & plus de goût sucré ; enfin, dans le troisième, point d’eau ou très-peu d’eau, plus de goût d’herbe & très-peu de goût sucré. Faites germer le grain après sa maturité, la partie sucrée s’y manifestera de nouveau, parce que la nature prodiguoit ce principe doux & sucré, seulement pour perfectionner le grain.

Il resulte donc de ce qui vient d’être dit, que tout le principe sucré est développé dans la plante au moment que le grain est noué ; que ce principe est répandu dans les vaisseaux de la plante, & qu’elle est par conséquent dans l’état le plus nourrissant.

Toutes les plantes graminées sont sucrées du plus au moins ; & si on vouloit on en retireroit un sucre aussi parfait, chacun dans leur genre, que celui produit par la canne à sucre d’Amérique & les pays chauds. Ce principe est aujourd’hui tellement démontré, qu’il n’est plus possible de le révoquer en doute.

Si on compare actuellement le foin naturel au foin-avoine, la différence sera frappante. On cueille le premier lorsque la graine est mûre ; dès-lors les tiges n’ont presque point de principe sucré, & même plusieurs n’en ont plus. Si actuellement nous considérons les différentes espèces de plantes qui croissent dans les prairies naturelles, nous verrons que la moitié franche, au moins, n’appartient pas à la famille des graminées. La fonction de ces plantes surnuméraires, est de lester l’estomac des animaux, & le lest, quoique essentiel, n’est pas une nourriture. Le foin-avoine, au contraire, leste & nourrit tout à la fois.

3o. De la paille seule après que le grain en a été séparé. Cette paille n’est point aussi nourrissante que la précédente, & on a vu pourquoi elle ne l’étoit pas ; cependant les bœufs la préfèrent à toutes les