d’être surprises dans leurs voyages par le mauvais tems : une pluie d’orage, une grêle les surprend quelquefois très-loin de leur domicile ; elles se hâtent alors d’y arriver : mais à quoi leur sert d’avoir eu le courage de toucher au port, si elles ne peuvent point y entrer ! les portes ne sont ni assez grandes ni assez multipliées pour qu’elles entrent toutes en même tems ; une grande partie est forcée de rester sur la table de la ruche, où battue de la pluie, de la grêle, elle périt infailliblement quand elle n’est point emportée par la violence du vent. Il est fort ordinaire, après des pluies d’orage, de trouver des poignées d’abeilles aux bas des ruches ; ce sont celles qui n’ayant pu entrer assez-tôt, ont essuyé tout le mauvais tems, qui les a fait mourir. Sous un rucher, au contraire, dès qu’elles sont arrivées, il n’y a plus de danger à craindre, parce qu’elles sont à couvert, & qu’elles peuvent attendre sans inconvénient que leur tour de rentrer soit arrivé.
4o. Les abeilles craignent beaucoup le froid ; un hiver très-rigoureux est capable de les faire toutes mourir si on les laisse dehors ; & malgré les précautions qu’on prend pour les en garantir, il en meurt toujours une quantité assez considérable. Dans un rucher le froid est moins sensible, & il est très-facile d’y arranger les ruches de manière qu’elles n’en soient point incommodées. La chaleur, moins dangereuse pour elles, est quelquefois si considérable certains jours de l’été, qu’on voit les abeilles sortir de leurs ruches pour prendre l’air, & passer les nuits attachées à divers endroits des parois extérieures de leur habitation. Sous un rucher la chaleur n’est jamais aussi forte, & les abeilles peuvent, même pendant le jour, y prendre le frais sans être exposées aux ardeurs d’un soleil brûlant, qui très-souvent fait fondre & couler la cire dans les ruches qui ne sont pas à couvert.
5o. Lorsqu’on a un rucher dont on peut fermer la porte, on trompe l’avidité des voleurs qui profitent des ténèbres de la nuit pour enlever les ruches : on rend inutiles toutes les ruses & l’adresse des renards, très-friands des provisions des abeilles, & qui sont assez forts pour renverser une ruche avec leur museau, afin de la piller à leur aise.
Section II.
Construction d’un Rucher à peu de frais.
Il n’est pas nécessaire qu’un rucher soit un objet de luxe ; pourvu qu’il soit solide & commode, on doit en être satisfait. Il pourroit, il est vrai, avoir ces avantages avec l’élégance qu’on seroit curieux de lui donner ; mais quand on ne veut en faire qu’un objet d’utilité, on peut le construire à très-peu de frais : les habitans de la campagne ont presque tous les matériaux qui sont nécessaires pour le bâtir à leur disposition ; quelques pièces de bois, de la terre, de la paille, voilà tout ce qu’il faut.
Pour construire un rucher, on a deux poteaux de chêne d’une moyenne grosseur & plus, suivant la longueur qu’on veut lui donner ; on en brûle les pointes afin que le bois résiste mieux à l’humidité qui