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ment qu’on le peut. Son alcali agit comme celui de la chaux, de la craie, de la marne, &c. & a sur eux l’avantage de contenir des parties graisseuses & huileuses. Voyez leurs effets au mot Amendement.

Une autre attention qui n’est pas à négliger de la part du cultivateur, c’est de réunir du sable au fumier lorsqu’il le dispose en monceau. Le proverbe dit, dans l’argile, sable vaut fumier. Je voudrois donc que ce monceau fût formé par des lits de trois pouces d’épaisseur : le premier seroit de fumier, le second de sable, & ainsi successivement : alors en voiturant le fumier sur le champ argileux, on rempliroit une double indication. Il y a deux époques auxquelles on doit enfouir le fumier : la première un peu avant l’hiver, en donnant le labour dont j’ai parlé pour l’année de jachère, & la seconde au labour qui précède le moment de semer en bons grains. Le premier aura le tems de travailler depuis la fin d’Octobre ou de Novembre, suivant le pays, jusqu’au mois d’Août ou de Septembre d’après ; & le second, de tenir la terre soulevée pendant que les grains poussent leurs premières racines. Comme ce fumier se décompose peu pendant l’hiver, la bonne semence végétera bien, malgré les pluies, à cause des interstices que ses racines trouveront entre les molécules d’argile & celles de fumier. En un mot, le grand point est de faciliter l’écoulement des eaux, de diviser la terre, & cet engrais pourvoit à tout.

4o. Des sables. Il est bien démontré, 1o. que l’infertilité, ou le peu de fertilité des argiles, vient uniquement de la plus ou moins forte adhérence de ses parties entr’elles ; 2o. que l’argile, unie en proportions convenables avec d’autres terres, est la plus productive ; 3o. que s’il faut s’en rapporter au sentiment de M. Baumé, l’argile est la seule matière terreuse propre à la végétation, puisqu’elle est la seule qui fasse partie des végétaux & des animaux ; & cette terre, dans son état de pureté, ne produit que peu ou point de végétaux. Il résulte de-là que le sable même, uni aux petits graviers ou aux petites retailles de pierre, devient pour l’argile un excellent engrais. Il agit mécaniquement, & ne lui communique aucune augmentation de parties salines, ni huileuses ou graisseuses, &c. Le sable le plus sec, le moins terreux est le meilleur.

Quelle quantité doit-on en jeter sur le champ ? il est impossible de la fixer. Elle dépend de plus ou moins de pureté, & par conséquent de tenacité de l’argile. C’est au cultivateur à juger son terrain. Il me paroît qu’une trop grande quantité de sable répandue à la fois ne produiroit pas autant d’effet que si cette même quantité étoit jetée à différentes reprises, par exemple avant les labours. Chaque coup de charrue lève tout à la fois de grosses mottes de terre, le sable s’amoncelle dans les vides ou au fond du sillon. S’il survient une pluie un peu forte, tous les sillons deviennent de petits ruisseaux, & le sable est entraîné, sur-tout dans les climats où il pleut par orage. Les labours successifs sont les seuls agens de la combinaison intime du sable avec