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couche supérieure. Si, au contraire, l’argile s’enfonce à plusieurs pieds de profondeur, il doit recourir à d’autres expédiens, & les multiplier en raison de l’épaisseur. Le degré de compacité est le second objet à considérer.

1o. Des labours. Ils divisent la terre, en retournant une partie de sa surface : la pluie, les rosées, la gelée, le soleil, l’attraction de l’acide de l’air, (voyez le mot Amendement) tous, en un mot, concourent à sa plus grande divisibilité ; mais après un certain tems, la terre s’affaisse, son grain se resserre, une pluie d’orage survient, ou des pluies trop continuées finissent par rendre cette terre remuée presqu’aussi dure, presqu’aussi compacte qu’elle étoit six mois auparavant. La raison en est simple ; les labours n’ont rien ajouté à cette terre pour tenir ses parties plus séparées les unes des autres.

Malgré cela, je conseille, aussitôt que l’épis est coupé, de labourer très-profondement avec une charrue armée d’un fort versoir, afin d’ouvrir un large sillon, & même de repasser une seconde fois dans le même sillon ; le sillon sera plus profond, plus large, présentera plus de surface à l’action des météores ; enfin, il enterrera mieux le chaume, objet très-important. Le chaume qui se dessèche sur pied, laisse évaporer presque tous les sels qu’il contient, & ne rend à la terre qui l’a nourri que très-peu de substance : un exemple va le prouver. Prenez, si vous le voulez, deux quintaux de feuilles quelconques, mais d’une même espèce. Laissez un quintal de ces feuilles séparées les unes des autres, & exposées au soleil ; lorsqu’elles seront parfaitement dessechées, elles se réduiront facilement en poussière. Pesez alors, & tenez compte du poids. Laissez, au contraire, l’autre quintal de ces feuilles amoncelées, jusqu’à ce qu’elles soient réduites en terreau : pesez, & comparez les deux poids ; la différence sera frappante. Mêlez actuellement le produit des feuilles dessechées avec une quantité de terre, & sur une étendue de terre donnée : répétez la même opération avec le terreau des autres feuilles ; enfin, semez ces deux portions de terrain, & leurs produits très-différens vous apprendront par analogie, que le chaume desséché au grand air ne contient presque plus de parties salines & huileuses, tandis que celui qui a été enterré tout aussitôt après la moisson, n’en a presque point perdu. Si on veut pousser cette analyse par les moyens chimiques, la différence sera bien plus frappante. Cette addition de terre végétale & de principes huileux & salins, sera peu considérable, j’en conviens, proportion gardée avec la masse de l’argile ; mais au moins la terre n’aura pas été privée du petit secours qu’elle attendoit, & sur-tout d’un secours porté sur le lieu même.

2o. Des semis. Si on s’est contenté de labourer à une seule raie, ainsi qu’il a été dit plus haut, semez aussitôt dans cette raie l’espèce de graine qu’il vous plaira, pourvu toutefois qu’elle ne soit pas de nature à se reproduire trop promptement par de nouvelles fleurs. Les vesces, les pois, les haricots, le froment, le seigle, l’avoine, les