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qui forment la poterie d’Angleterre & la poterie de grès, sont de cette seconde classe.

Les argiles entiérement fusibles se durcissent à un feu médiocre, & se fondent à un très-grand feu. De ce nombre sont toutes les terres qu’on emploie pour les poteries communes, pour la fayance, pour les carreaux, pour les tuiles & les briques.

Dans la nomenclature de l’histoire naturelle de l’argile, nous ne pouvons passer sous silence l’argile à dégraisser, ou terre à foulon. Elle est feuilletée, savonneuse, & grasse à l’œil & au toucher ; elle s’étend entiérement, & se dissout en partie dans l’eau, y produit une mousse & quelques bulles savonneuses. La terre savonneuse ou smectite, n’est qu’une terre à foulon plus pure. On se sert de cette espèce d’argile pour fouler les étoffes de laine ; on en voit de plusieurs couleurs. La meilleure se trouve en très-grande abondance en Angleterre & en Écosse. La supériorité des draps anglois vient sans doute de la terre à foulon dont ils se servent, en vain transporteroit-on leur laine, si l’on n’employoit pas cette terre, on n’atteindroit jamais cette beauté & cette douceur qu’ils donnent à leurs draps. Toutes les propriétés de la terre à foulon ne se bornent pas à l’usage des manufactures : elle est très-excellente pour accélérer la végétation des plantes, & améliorer les terrains trop légers. On fait de cette terre angloise une marchandise de contrebande, & il y a les mêmes peines contre ceux qui la transportent dans les pays étrangers, que pour l’exportation des laines. On trouve en France assez communément la terre à foulon ; mais elle est inférieure en qualité à la terre angloise. Ce seroit un devoir essentiel des sociétés d’agriculture distribuées dans nos différentes provinces, de travailler à la recherche d’une bonne terre à foulon, & d’en faire les essais. Cette découverte vaudroit & seroit plus utile que la plupart des dissertations qu’elles couronnent.

L’argile entre comme partie principale dans la composition d’un très-grand nombre de pierres, comme les schistes tendres & communes, la pierre noire ou ampelite, l’ardoise, les pierres à rasoir ou cos, les talcs, les amiantes, la stéatite, la pierre ollaire & les serpentines.

Après avoir fait l’énumération des différentes espèces d’argiles, il seroit intéressant de connoître son origine. Plusieurs illustres savans ont travaillé à la deviner, & la variété de leurs sentimens doit nous faire conclure que la nature ne nous a pas encore dévoilé son secret sur cette matière. Stahl & M. Baumé, la confondant avec la terre vitrifiable, ne la distinguent de celle-ci uniquement que parce qu’elle est combinée avec l’acide vitriolique. M. Linnæus regarde l’argile comme le sédiment terreux de la mer ; enfin, M. de Buffon pense qu’elle doit sa formation à la matière vitreuse de son monde primitif, attenuée & réduite en molécules extrêmement fines, liées ensemble par un gluten particulier. Nos connoissances ne sont pas encore assez parfaites, assez constantes sur l’origine de cette terre, pour oser prononcer, il nous suffit, il nous intéresse