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dans cette eau est la portion la plus argileuse & la plus pure : on doit la recueillir & la sécher avec soin ; c’est celle qu’on emploie dans les poteries fines & les porcelaines.

De tous les acides, l’acide vitriolique est le seul qui paroît avoir été distribué & combiné dans toutes les argiles, d’une manière singulière, par la nature.

D’après le grand nombre de substances qui se rencontrent mêlées avec l’argile pure, on conçoit facilement quelle variété il en doit résulter, soit pour la nature, soit pour la couleur des argiles. Nous allons les parcourir successivement, afin d’en donner une connoissance suffisante.

La première qui s’offre est : une terre argileuse qui contient peu ou point de parties sableuses, & que l’on connoît sous le nom de glaise. (Voyez ce mot) Le chimiste qui distingue les substances par les parties qui les composent, ne trouve absolument aucune différence entre l’argile & la glaise : aussi regarde-t-il ces deux mots comme synonymes. Plus ou moins de sable mêlé avec de l’argile pure ne doit constituer une classe particulière que pour le naturaliste nomenclateur, qui a besoin de divisions & de sous-divisions pour former un enchaînement de degrés systématiques.

L’argile très-pure, mais remplie d’une grande quantité de terre ferrugineuse, colorée par cette terre d’une manière uniforme en jaune ou en rouge, & qui a la propriété de s’attacher fortement à la langue, forme les bols, terres bolaires, & terres sigillées. (Voyez ces mots ) C’est la classe la plus nombreuse pour la variété des couleurs : elle renferme les argiles blanchâtres, grises, jaunes, rouges, &c. qui ne diffèrent entr’elles le plus souvent que pour la couleur. Cette même variété dépendant de l’hétérogénéité des substances qui y sont mêlées, change la nature de l’argile, & la rend plus ou moins fusible. Ce caractère a engagé M. Daubenton à s’en servir pour les diviser en argile absolument infusible, en argile en partie fusible, & en argile absolument fusible.

Les seules argiles très-blanches naturellement, ou d’un gris brun qui blanchit au feu, comme celles de Gournay & de Gisors, peuvent être regardées comme absolument infusibles, On s’en sert pour faire les pots ou les creusets de verrerie. Ces vaisseaux devant éprouver le plus grand coup de feu pour tenir le verre en fusion, il est nécessaire que sa matière dont ils sont composés, y puisse résister. La terre à pipe est encore de cette classe.

Dans celle des argiles en partie fusibles, dont le caractère générique est de prendre au feu une dureté égale à celle du caillou, à se fondre en partie, à cause des matières étrangères, telles que le sable, le gypse, &c. & à avoir une cassure vitreuse, on compte l’argile ou terre à porcelaine. C’est une argile assez impure, grisâtre ou blanchâtre, fort légère, molle au toucher, quelquefois compacte & dure. Elle soutient d’abord assez bien le feu, s’y durcit, & finit par s’y demi-vitrifier. C’est le vrai koalin dont les chinois se servent pour leurs porcelaines : on en trouve un semblable près de Limoges. Les argiles