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les dissolutions des terres calcaires par les mêmes acides, ils ne la dissolvent pas moins, sur-tout l’acide vitriolique qui forme avec elle un sel très-connu sous le nom d’alun.

Telles sont les propriétés générales & essentielles aux argiles pures ; mais il est rare de les rencontrer toutes réunies : les matières étrangères dont l’argile est presque toujours mélangée, l’altèrent au point quelquefois de la faire méconnoître, ou du moins de lui donner des propriétés bien différentes. Les substances qui altèrent la pureté des argiles naturelles sont le sable, les terres calcaires sur-tout, les matières bitumineuses, pyriteuses & métalliques. La variété de ses couleurs est due à ces divers mélanges.

L’argile qui n’est colorée que par une matière inflammable non métallique, perd cette couleur au feu, & devient blanche lorsqu’on la calcine. Telles sont la plupart des argiles grises & brunes d’une couleur uniforme, & qui ne sont point veinées. Les argiles colorées par les terres métalliques, comme le fer ou le cuivre, & les matières pyriteuses, ne blanchissent point au feu ; bien plus, lorsque ces substances sont en grande quantité, elles les rendent fusibles. On les reconnoît à leurs couleurs jaunes, rouges, vertes ou veinées, & jaspées de toutes ces nuances. Ce sont les plus mauvaises de toutes en général, & sur-tout pour les ustensiles qui doivent éprouver un coup de feu violent, comme creusets, briques, fourneaux, pots de verreries, &c.

Il n’est presque point d’argile qui ne contienne un peu de terre ferrugineuse. Dans les belles argiles blanches, on reconnoît cette substance à de petites taches jaunes, dispersées de côté & d’autre. Quand on veut employer cette argile pour des ouvrages précieux, il faut avoir soin d’enlever exactement toutes ces taches jaunes avec la pointe d’un couteau.

Les parties pyriteuses qui se rencontrent dans les argiles, les font fondre avec la plus grande facilité, & ces petites cavités ou trous, tapissés ordinairement d’une matière vitreuse de couleur noire plombée que l’on remarque dans l’argile cuite, ne viennent que des grains pyriteux qui se sont fondus & vitrifiés.

Les terres calcaires qui altèrent les argiles se reconnoissent à l’effervescence qu’elles font avec les acides. Ce mélange, joint avec plus ou moins de sable, forme une espèce de terre connue sous le nom de marne. (Voyez Marne) Le sable, le mica, le quartz, détruisent la ductilité de l’argile. Le lavage est le moyen le plus propre à purger les argiles de ces matières hétérogènes, excepté des terres calcaires ; aussi faut-il rejeter absolument les argiles qui en contiennent, comme incapables d’être employées dans les ouvrages de poterie. Pour laver les argiles, on les délaye dans une grande quantité d’eau pure : on laisse ensuite reposer cette eau jusqu’à ce qu’elle ne soit presque plus troublée que par les parties les plus fines & les plus légères. On la décante de dessus le dépôt, en la passant par un tamis de soie très-fin. Le second dépôt qui se forme