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reliers savent bien faire un arçon. (Voyez le mot Selle)

La seconde dénomination est consacrée à la vigne, & signifie le sarment long de six à huit yeux, & même plus, qu’on laisse sur le cep, lors de la taille, dans les pays où le cep & le sarment sont accollés contre des échalas de sept à huit pieds de hauteur. (Voyez le mot Accoler, au quatrième ordre des accolages, page 212.) L’arçon a en général un pied & demi de longueur, & même deux pieds, suivant la force du cep. Le sommet du cep, haut de deux à trois pieds, est fortement lié contre l’échalas, au moyen d’un osier partagé en deux ; & près de cette ligature, on ramène le sommet de l’arçon de manière qu’il plie presque en rond. À l’extrémité supérieure du sarment, qui par ce moyen devient presque égale à sa base, on applique un autre brin d’osier pour le maintenir contre l’échalas ; & si l’arçon est grand, un autre brin d’osier l’assujettit encore contre l’échalas dans la partie supérieure qui forme la partie vraiment ceintrée.

Cette manière de tailler la vigne nécessite chaque année un rabaissement ; autrement l’arçon, prenant la consistance du cep, l’éleveroit à une hauteur disproportionnée relativement à l’échalas & à sa force. À cet effet, on ménage, lors de la taille, un peu au dessous de l’arçon, une bonne pousse de sarment à bois, & même à fruit, s’il n’y en a pas d’autre, à laquelle on ne laisse qu’un œil ; & on l’appelle le coq. Cet œil donne un bon bois d’arçon pour l’année suivante, & facilite le rabaissement du cep, de manière qu’il demeure toujours à peu près à la même hauteur. Si le coq a manqué par une cause quelconque, l’arçon sera coupé, lors de la taille suivante, au dessus de son premier œil, & cet œil fournira l’arçon.

Dans les vignes treillagées de Bourgogne, cette méthode est assez communément suivie lorsque le bois le permet ; mais comme le cep est très-foible en comparaison des premiers, l’arçon est proportionné à sa force.

Il est constant que cette méthode de forcer le sarment à décrire presque un cercle, renferme des avantages réels, quoique les derniers yeux de ce sarment ne poussent que des branches à bois & peu vigoureuses. On détruit par ce moyen le canal direct de la séve ; les conduits séveux sont rétrécis dans la partie ceintrée ; la séve monte mieux élaborée ; le sarment s’emporte moins, & le suc du fruit est plus parfait. Le second avantage qui en résulte, c’est de procurer au raisin un grand courant d’air, de le préserver de la trop grande humidité, & par conséquent de la pourriture ; enfin, de le laisser exactement exposé à l’ardeur du soleil. La partie des sarmens qui se sont élancés des premiers yeux de l’arçon, est liée contre l’échalas avec de la paille, & ne peut plus retomber sur le raisin.

Une grande attention à faire lorsque l’on plie l’arçon, c’est de ne le point couder. S’il l’est, il ne donnera que des feuilles & point de fruit. L’habitude est le meilleur maître, & c’est l’ouvrage des femmes. Elles empoignent l’arçon des deux