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couleur plus blanche & d’une substance plus tendre que le reste du bois, & c’est cette portion que l’on nomme aubier.

La dernière partie solide, le bois, proprement dit, bien observé & bien disséqué, n’est qu’un amas de couches ligneuses qui s’enveloppent & se recouvrent les unes les autres. Leur composition merveilleuse développe des fibres ligneuses ou vaisseaux lymphatiques, des vaisseaux propres, des trachées, & le tissu cellulaire que nous avons déjà trouvé dans l’écorce & l’aubier, & qui vient de la moelle.

Au centre de toutes ces parties admirables, on remarque la moelle ou la vraie origine du tissu cellulaire, dont les différentes ramifications pénètrent toute l’épaisseur de la plante, & portent les sucs nourriciers qui y ont été préparés. Variée dans sa couleur, elle est plus abondante dans les arbrisseaux de courte durée, & moins grosse dans les racines que dans la tige.

Cette masse solide que nous venons de parcourir, vit, & dès-lors elle doit renfermer des principes qui produisent & entretiennent le mouvement. Dans l’animal, l’air & différens fluides concourent au soutien de son existence & à son développement ; dans le végétal, la lymphe, le suc propre, l’air, la lumière, sont autant d’agens toujours en action & en réaction, qui l’animent. Les sucs nourriciers pénètrent, les uns de la terre par les racines, & s’évaporent par les feuilles ; & les autres, s’introduisant par les feuilles, descendent jusqu’aux racines. Ce balancement perpétuel exige des vaisseaux, des canaux déférens ; & ce sont les fibres, les vaisseaux propres & les trachées qui en font les fonctions. Les fibres ou vaisseaux lymphatiques, s’étendant suivant la longueur du tronc, renferment une liqueur peu différente de l’eau la plus simple. La vigne paroît être le végétal qui en contient le plus ; cependant l’érable, le bouleau, le noyer, le charme en fournissent une grande quantité. Il est constant que cette lymphe coule également des branches & de la partie supérieure des arbres comme des racines. La surabondance de cette liqueur s’échappe par la transpiration insensible. La prolongation des vaisseaux lymphatiques s’étend jusqu’aux dernières ramifications des fleurs & des fruits : là, souvent ils s’anastomosent entr’eux. Parallèlement à ces vaisseaux, s’en élèvent & descendent d’autres qui contiennent le suc propre, d’où leur vient le nom de vaisseaux propres. Bien différent de la lymphe, le suc propre est toujours une liqueur composée, tantôt laiteuse dans le figuier & les tithymales, tantôt gommeuse dans les cerisiers & les abricotiers ; elle est résineuse dans les pins, les sapins, &c. ; rouge, jaune, d’une saveur douce, caustique quelquefois, quelquefois aussi sans odeur ni saveur ; en un mot, le suc varie infiniment dans toutes les plantes. On peut presque le comparer au sang des animaux ; comme lui, il est nécessaire à la vie, & comme lui son épanchement conduit peu à peu à la mort. La simple contraction des vaisseaux qui le contiennent, suffit pour le forcer de sortir, & il paroît avoir plus de disposition à couler