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les graines de la pulpe qui les environne ; lavez-les ; mettez-les sécher, & ensuite conservez-les dans un sable fin & sec jusqu’en Mars. Ayez à cette époque des pots ou des caisses d’un à deux pieds de longueur sur huit pouces d’épaisseur, & percées dans leur fond de plusieurs trous, que vous recouvrirez avec des coquilles. Ces coquilles empêcheront les courtilières & autres insectes de pénétrer dans ces vases, & de ruiner les semis : des têts de pots ou de tuiles peuvent servir au défaut des coquilles, & les uns & les autres n’empêcheront pas l’écoulement de l’eau surabondante.

Mettez ensuite au fond de la caisse une couche de gravois, puis un mélange, par parties égales, de terre de haie défrichée, mêlée de terreau consommé, & d’un peu de moellon brisé. Ces vases seront enterrés dans une couche chaude, & après six semaines ou deux mois, les jeunes arbousiers paroîtront. Pendant la première & la seconde année, ils resteront dans leurs mêmes caisses, & on les garantira de la rigueur de l’hiver, en les tenant sous des châssis, & leur donnant toutefois autant d’air que le tems pourra le permettre. À la fin de Septembre de la seconde année, chaque arbousier sera planté séparément dans un pot, qu’on mettra l’hiver sous le même abri, & l’été on l’enterrera contre une muraille exposée au levant. Au mois de Septembre de la seconde année de cette transplantation, on les plantera à demeure. Il conviendra alors de mettre de la menue litière autour de leurs pieds, & de les empailler pendant quelques années, depuis le commencement de Janvier jusqu’au dix Avril ; mais en donnant de l’air autant que la saison le permet. Telle est la méthode employée par M. le baron de Tschoudi, qui s’est singuliérement occupé de la culture des arbres toujours verds.

L’arbousier dont on vient de parler a produit plusieurs variétés. Telles sont l’arbousier à fleur double, à fleur rougeâtre, à fleur oblongue, à fruit ovale, &c. Les amateurs cultivent dans leurs jardins d’autres espèces : l’arbousier à feuilles entières, & non découpées ; son écorce est lisse, ses feuilles beaucoup plus larges, & sa tige plus haute que celles du précédent. C’est l’arbutus andrachne du chevalier Von Linné ; il croît naturellement dans la Natolie ; il exige un terrain très-sec, & craint beaucoup le froid. L’arbousier des marais d’Acadie ; ses tiges sont traînantes, ses feuilles ovales, un peu dentelées, & ses fleurs détachées. L’arbousier des Alpes à tiges traînantes, à feuilles rudes & dentelées. Les lapons mangent son fruit. Il n’est pas aisé de le cultiver dans nos jardins. Enfin, l’arbousier raisin d’ours, dont nous parlerons au mot Raisin d’ours.

Ces objets de pure curiosité & d’agrément, ne sont pas les seuls à considérer dans l’arbousier. L’utile doit toujours être le compagnon de l’agréable ; & dans les provinces où l’arbousier est si multiplié qu’il sert au bois de chauffage, on peut en tirer un parti avantageux pour les arts.

M. le chevalier Von Linné rap-