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la toile d’araignée est spécifique contre les fièvres intermittentes. On l’applique au poignet, ou bien on la suspend au col dans une coquille de noix ou de noisette. D’autres auteurs conseillent, pour le même objet, de prendre une araignée vivante, de la placer sur le poignet dans l’endroit où la pulsation de l’artère se fait sentir, de la recouvrir avec une coquille de noix. L’araignée, disent-ils, s’enfle prodigieusement au point de remplir la capacité intérieure de la noix, qu’elle change de couleur, noircit, enfin meurt, & le malade est guéri de la fièvre quarte. D’autres veulent qu’on écrase l’araignée vivante sur le poignet, & qu’on l’y laisse pendant l’accès de la fièvre. Ces décisions exigent de nouvelles observations, puisque ceux qui vantent ce remède topique conviennent qu’il ne réussit pas toujours.

Les symptômes de la piqûre ou morsure de l’araignée, ou peut-être de sa succion, car on ne sait pas encore bien précisément comment elle communique son venin, sont, avancent ceux qui y croient, un engourdissement dans la partie affectée, un sentiment de froid sur toute l’habitude du corps, l’enflure du bas-ventre, la pâleur du visage, le larmoiement, l’envie continuelle de vomir, les convulsions, les sueurs froides.

Les alexipharmaques sont indiqués par eux pour le traitement intérieur ; quant à l’extérieur, chacun a composé son topique particulier, & à peu près semblable à ceux dont on se sert contre la piqûre du scorpion. La figure, la forme rebutante, l’aspest hideux de l’araignée, font son crime aux yeux des esprits prévenus.

Les cocons d’araignée distillés fournissent, comme ceux du ver à soie, un esprit & un sel plus volatil que celui qu’on retire de ceux-ci, & il peut suppléer aux gouttes d’Angleterre.

4o. De l’araignée considérée relativement aux arts. La délicatesse du tissu des toiles d’araignée, le soyeux de leur fil, ont engagé des amateurs à en tirer un parti avantageux, au moyen de la filature. M. de Bon est celui dont les expériences ont eu le plus de succès. Il envoya, en 1709, à l’académie royale des sciences de Paris, des mitaines & des bas faits avec la soie d’araignée : ils étoient presqu’aussi forts que ceux faits avec la soie ordinaire, & leur couleur étoit plus grisâtre. Voici l’abrégé de ce qu’il dit dans le mémoire lu en 1709, à la société royale de Montpellier.

Il distingue deux espèces générales d’araignées, les unes à jambes courtes, & les autres à jambes longues ; les premières sont celles qu’il conseille de nourrir pour la soie. M. Homberg les range en six genres, savoir, l’araignée domestique dont il y a plusieurs espèces, celle des jardins, l’araignée noire des caves ou des murs, l’araignée vagabonde, l’araignée des champs qu’on nomme communément le faucheur, à cause de ses longues jambes, & enfin l’araignée enragée que l’on connoît sous le nom de tarentule. Ceux qui desireront connoître les caractères particuliers à chaque espèce d’araignée, peuvent consulter le Dictionnaire d’Histoire Naturelle de M. de Bomare, &