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l’état de santé, si ce n’est dans le dernier période d’une forte attaque où la respiration n’est presque plus sensible, & le pouls éteint.

Les troisièmes, les phénomènes sont relatifs à l’espèce & au degré de l’apoplexie : nous avons donné plus haut les signes qui caractérisent l’apoplexie sanguine de la pituiteuse.

L’apoplexie forte, la grande apoplexie est très-difficile à guérir, & peu de malades échappent à la mort. L’apoplexie légère est moins difficile à guérir. Cette terrible maladie se termine quelquefois par des saignemens considérables par le nez, par l’écoulement des règles chez les femmes ; quelquefois aussi par la salivation, par le dévoiement, par un flux abondant d’urine, & par des sueurs copieuses : lorsque ces signes se présentent, ils sont en général de bon augure.

Dans l’apoplexie sanguine, quand les convulsions s’emparent du malade, c’est un mauvais signe : on doit renoncer à toute espérance quand le visage perd toute sa couleur, & qu’il devient livide & couleur de plomb. L’oppression, le relâchement, l’écume à la bouche & l’incontinence sont de très-mauvais signes : si le malade échappe à cet orage, & survit, il traîne une vie malheureuse dans la paralysie : si les malades continuent à n’écouter que l’incontinence en tout genre, une seconde ou une troisième attaque les prive de la vie.

Cette effrayante maladie est toujours de la plus grande importance ; elle a son siège dans la plus noble & la plus nécessaire de nos parties, dans le cerveau, cette merveilleuse & inexplicable machine, qui fait circuler la vie & le sentiment dans toutes les parties du corps humain.

L’apoplexie qui dépend du vice de conformation dans le cœur, est absolument mortelle.

Le traitement de cette maladie est d’autant plus difficile que l’apoplexie est premiérement une des plus meurtrières maladies qui affligent l’homme civilisé, sur-tout l’habitant des villes ; & que, secondement, sans égard pour l’âge, le sexe, la saison, les causes & l’espèce, on a coutume de faire un traitement bannal qui nuit beaucoup plus au malade, que si on abandonnoit à la nature le traitement de cette maladie. On emploie les émétiques violens, les saignées, les purgatifs les plus actifs, & les liqueurs volatiles & spiritueuses : sans contredit, c’est en faisant usage de ces moyens qu’on parvient à guérir l’apoplexie : mais ces moyens doivent être proportionnés aux causes, & placés suivant les espèces différentes d’apoplexie, si on les emploie indistinctement dans tous les cas, comme malheureusement nous le voyons le plus ordinairement, sur-tout dans les campagnes, où, loin des secours éclairés des gens de l’art, on est forcé de suivre la pratique aveugle de certains chirurgiens, bien loin de tirer quelque utilité de l’art salutaire de la médecine, les malades deviennent les victimes de l’ignorance. Nous allons tâcher d’éclairer le traitement de cette importante maladie, & de fixer les idées sur la nature des secours qu’il faut administrer.

Les saignées trop multipliées nuisent beaucoup, même dans l’apo-