elle est parfaite, parce que cela suppose une belle & vigoureuse végétation.
Chaque partie de la fleur a son nom propre. Les pétales ou feuilles de la fleur sont le manteau, & le bas du manteau, la culotte. Les soins prodigués & la culture soutenue ont métamorphosé cette fleur naturellement simple en fleur double ou semi-double : c’est-à-dire, que dans la première, les organes de la génération, destinés à la réproduction de la plante par les graines, ont été convertis en feuilles, moins grandes, à la vérité, que celles du manteau, mais tellement multipliées, qu’elles remplissent tout l’intérieur de la fleur. Dans les fleurs semi-doubles, on distingue plus ou moins les organes de la génération, les étamines, & les pistils. Les petites feuilles du milieu de la fleur, sont nommées panne ou pluche, & les plus étroites béquillon, à cause de leur ressemblance assez grossière avec le bec d’un oiseau. Le mot fraise ou cordon de l’anemone, signifie la classe des feuilles disposées entre la pluche & le manteau ; la partie centrale de la fleur est appelée cordon des graines. Tels sont en général les mots techniques & adoptés par les fleuristes.
On reconnoît pour belle fleur, celle dont le coloris est brillant, les panaches bien prononcés ; & toute fleur dont la couleur est lavée ou terne, est rejetée comme indigne de figurer chez un fleuriste. Les panachées tiennent le premier rang, & les couleurs pures leur sont inférieures ; cependant celles dont la couleur est bizarre ont un grand mérite.
Le second attribut d’une belle anemone est d’être grosse, bien coiffée & bien pommée ; la pluche fait le dôme, & les béquillons sont nombreux, arrondis par le bout, & larges ; le manteau doit surpasser en hauteur la pluche & les béquillons. Si son cordon a de grandes feuilles, si ses couleurs tranchent net avec celles de la pluche, c’est un vrai mérite ajouté aux autres. Toutes ces perfections réunies ne font pas supporter le défaut impardonnable des béquillons s’ils sont étroits & pointus. Ce n’est plus qu’un chardon, disent les fleuristes ; il faut, sans miséricorde, expulser du parterre cette fleur indigne d’y paroître.
On dit qu’une fleur se vide, lorsque le milieu de la fleur se dégarnit. Les anemones dont le cordon est fin ne se vident pas.
Les couleurs de la fleur produite par une patte d’un an ou deux ans, ne sont pas toujours les mêmes ; elles varient & annoncent ce qu’elles seront à la troisième année : malgré cela, on peut dire que les couleurs & les panaches ne sont jamais parfaitement égaux. La saison contribue beaucoup à leur bigarrure & à leur beauté.
III. Des familles des anemones. La première comprend les anemones à fleurs simples, désignées par les jardiniers sous le nom de pavot. La couleur distingue les autres classes des fleurs doubles. Les fleurs cramoisies & rouges forment le premier ordre ; les rouges, panachées de blanc & de pourpre, le second ; les agathes, panachées de rouge & de blanc, le troisième ; les roses panachées de blanc, le quatrième ;