Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/551

Cette page a été validée par deux contributeurs.

est un indice de maladie. Les naseaux doivent être sains, la membrane qui les tapisse d’une couleur vive & vermeille ; pour peu qu’il en découle de l’humeur, d’une consistance épaisse & d’une odeur fétide, l’animal est à rejeter. La bouche sera fraîche & sans aphtes. Les ânes qui naîtroient de pareils étalons participeroient des mêmes défauts. De la bouche on en vient aux épaules, des épaules aux jambes. Si le genou est couronné ou dénué de poil, c’est une marque de foiblesse & que l’animal s’abat ; les molettes au boulet décèlent que la jambe est fatiguée. Le pied n’aura ni seimes, ni fics, ni poireaux. Les mouvemens du flanc seront réguliers & non altérés, les reins fermes, les parties de la génération sans tumeurs ni fistules, les hanches pleines, les jarrets bien évidés & sans éparvin, &c.

Il ne faut pas seulement s’en tenir aux défauts du corps. Les bonnes ou mauvaises qualités de l’étalon sont plus à considérer. L’âne ombrageux porte les oreilles en avant, tremble, regarde de côté, résiste aux coups & refuse d’avancer. Ce défaut ne sera point à craindre, si cet animal passant aux endroits sur-tout où l’on fait du bruit, ne perd rien de sa fierté, de son agilité, ni de sa soumission.

Accouplement. L’âne est en état d’engendrer depuis l’âge de deux ans. Mais l’âge qui convient le plus pour la propagation, est depuis trois ans jusqu’à dix. L’ânesse est encore plus précoce. Elle doit être d’un corsage large & d’une taille avantageuse. Sa production la plus belle est depuis l’âge de sept ans jusqu’à dix. La chaleur se manifeste par la tuméfaction des parties naturelles, & par une humeur épaisse & blanchâtre qui en découle. Celles qui sont en chaleur tous les mois de l’année, sont moins fécondes que les autres.

L’accouplement se fait depuis le commencement de Mai jusqu’à la fin de Juin. Si la monte se faisoit avant ce tems, l’ânon qui viendroit l’année d’après pourroit souffrir de la rigueur de la saison encore froide, & la mère manquer de la nourriture nécessaire à l’allaitement.

C’est après avoir bien pansé l’étalon qu’on le conduit à l’ânesse : celle-ci doit être propre & déferrée des pieds de derrière, de crainte qu’elle ne rue. Un homme la tient par le licol, & deux autres conduisent l’étalon. On l’aide à s’accoupler, en le dirigeant & en détournant la queue. Dans les derniers momens de la copulation, la croupe de l’âne fait un mouvement de balancier qui accompagne l’émission de l’humeur prolifique. L’acte étant consommé, l’étalon est ramené à l’écurie, sans qu’il lui soit permis de réitérer l’accouplement ; car quoiqu’un bon âne puisse suffire à couvrir deux fois par jour pendant tout le tems de la monte, il convient de le ménager, en ne lui donnant qu’une ânesse tous les deux jours.

L’accouplement se fait encore d’une autre manière. Elle consiste à laisser l’étalon dans un enclos bien fermé, avec la quantité d’ânesses qu’il doit couvrir. L’âne se voyant en liberté, prend un air gai, joyeux, alerte, flaire les ânesses les unes après les autres, & finit par cou-