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l’étendue du terrain qui doit les nourrir ; il vaut mieux qu’ils trouvent une nourriture abondante que le strict nécessaire pour se soutenir ; une année de sécheresse lui diminueroit sa valeur de plus de moitié. Cent brebis bien nourries, bien portantes, rendent plus que cent cinquante brebis étiques & affamées. La véritable amélioration consiste à avoir un troupeau bien nourri, & chaque année à perfectionner les races, soit en se procurant des béliers plus forts, & des espèces de brebis à laine plus fine. L’argent des agneaux & des moutons que l’on vendra, doit payer cette amélioration.

Un cultivateur intelligent, élève & entretient une pépinière dans les environs de la métairie. Elle doit être consacrée aux arbres fruitiers, à quelques arbres forestiers, dans les pays où le bois est rare, mais sur-tout aux arbres destinés pour le charronnage, & j’ajouterai aux oliviers, aux amandiers, dans les pays où leur culture réussit. Plantez, plantez sans cesser ; & à l’exemple des normands, boisez de toute manière la lisière de vos champs ; vos moissons seront plus en sûreté contre la fureur des vents ; mais gardez-vous bien d’y planter des ormeaux : leurs racines traçantes iront à plus de cinquante pieds dévorer la substance des blés. Les fruits seront une ressource économique pour la nourriture des gens de la grange, & les feuilles des arbres serviront ou pour les troupeaux, ou pour les engrais. Planter chaque année vingt à trente arbres dans un grand domaine, & des arbres qu’on n’aura pas acheté, c’est un badinage, & ce petit travail sera, dans la suite, un objet d’un très-grand produit.

Je mets encore au nombre des améliorations essentielles, la multiplication des fossés pour l’écoulement des eaux. Si le terrain est en pente, un fossé placé dans la partie supérieure empêchera les ravins, & les bleds ne seront pas emportés par une pluie d’orage. Ce fossé conduit les eaux dans le lieu qu’on leur destine, & prévient leur ravage. Un semblable fossé, placé dans la partie inférieure, retient la terre & les débris des végétaux que la pluie y a fait couler. Si le pays est plat, le fossé servira au dessèchement du champ, & le blé n’y pourrira pas ; en un mot, lorsque l’on les recurera, la terre qui y aura fermenté pendant quelques mois, sera un excellent engrais.

Que d’améliorations il seroit facile d’indiquer ! mais c’est au cultivateur intelligent à les prévoir, à les méditer pendant une année entière, à les préparer de longue main pour les exécuter avec plus de facilité. Il doit se faire un plan général, & travailler d’après ce plan. Les améliorations morcelées & par lambeaux, sont de petites améliorations. Si, au contraire, on a un plan bien conçu, il n’y a pas un seul coup de pioche perdu, parce qu’un objet de détail sera relatif au tout, & ce qui ne sera pas mis en pratique dans une année, sera exécuté dans l’année suivante.


AMÉNAGER. Terme d’exploitation & de commerce de bois, qui signifie le débiter en bois de chauffage, de charpente, ou de quel-