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aratoires, des vaisseaux vinaires, &c. les harnois, les voitures, les chevaux, les bœufs & tous les animaux utiles à la ferme, enfin d’entretenir les terres, les prés, les bois, &c. dans un bon état.

Par les améliorations d’addition, le cultivateur augmente l’aisance & les commodités dans ses bâtimens, non pour des objets de luxe, mais en vue de l’utilité journalière dont elles seront. Plus il y a de facilité pour manœuvrer dans l’intérieur d’une maison, dans les greniers, dans les écuries, &c. moins le travail donne de peine ; il y a plus d’ordre, chaque chose est à sa place, le service est facile, & dès-lors il y a une économie réelle pour le tems. Une opération qui exige quelques minutes de plus, & souvent répétée, équivaut à la fin de l’année à des jours, à des semaines entières, & souvent même à des mois. On ne fait point assez d’attention à ces détails, ils paroissent minutieux au premier coup d’œil : j’en appelle à l’expérience. Le paysan, le valet ne rangent rien : tout est avec eux dans la plus grande confusion ; & pour retrouver un outil, il perdra souvent des heures entières : l’augmentation des aisances sera donc, sous les yeux d’un maître vigilant, l’augmentation de l’ordre ; celle de l’ordre, l’augmentation du travail ; & celle du travail, une amélioration directe, puisqu’il y aura plus de tems à employer pour le travail.

Une amélioration d’addition très-importante, est celle des animaux consacrés aux différens services de la métairie. Je n’ai presque pas vu un seul domaine où le nombre des animaux de charrue, des charrettes, &c. fût proportionné à l’étendue des terres à labourer, &c. ; le travail se fait toujours à la hâte ; & si, dans la saison, il survient des pluies ou d’autres contre-tems, le mal est bien pis encore. Une paire de bœufs, ou de chevaux, ou de mules de plus, auroit suffi, le travail n’auroit rien eu de forcé, il auroit été fait à tems, sans gêne, & par conséquent, il auroit été bien fait. L’augmentation du produit & du bénéfice réel qui en résulte, ne dédommage-t-elle pas amplement de la première mise, & des déboursés pour les gages & la nourriture d’un valet de plus ? Columelle dit avec raison : si la métairie est plus forte que le maître, elle l’écrasera ; au contraire, elle sera pour lui une source de richesses, s’il est plus fort qu’elle. Avec peu on fait peu : le proverbe est vrai ; & l’on devroit ajouter dans ce cas, avec peu on fait tout mal. Pour un domaine, par exemple, de trois charrues, il faut nécessairement avoir les animaux pour quatre. Sans cette sage prévoyance, comment fera le cultivateur, si une seule de ses bêtes est blessée ou malade ? il sera donc réduit à ne faire travailler que deux charrues : il faudra excéder de fatigue les animaux bien portans, afin que leur travail égale, en quelque manière, celui de trois charrues ; & le tems des semailles passé, &c. tous les animaux sont sur les dents. Quelle économie !

Une bonne amélioration d’addition à faire, c’est dans le troupeau. Je ne dis pas qu’il faille multiplier les individus du troupeau ; leur nombre doit être proportionné à