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couper le pivot dès que la germination est faite & en le mettant dans la pépinière, ou du moins de le couper lors de la transplantation. C’est une erreur formelle, puisque l’on voit que cet arbre cherche toujours à pivoter, & non à produire des racines horizontales, à moins que le fond du sol ne lui empêche de pivoter. Cette indication manifeste de la nature auroit dû faire ouvrir les yeux sur une pratique qui va directement contre les loix. Il faudroit un trou plus profond ; on ne sait que faire du pivot qui embarrasse en plantant dans de petits creux : donc il faut le couper ; voilà comme on a raisonné. Mais est-ce là le langage de la nature, qui ne produit rien en vain, & qui est toujours constante dans sa marche ? L’expérience prouvera toujours, & démontrera à l’homme le plus prévenu pour l’ancienne méthode, qu’un amandier planté avec son pivot & toutes ses racines dans un trou d’une grandeur convenable, travaillera plus dans quatre années, qu’un amandier dont on aura coupé le pivot & bien rafraîchi les racines, à la manière des jardiniers, ne poussera en dix ans.

Si l’arbre vient d’une pépinière éloignée ; s’il a resté pendant plusieurs jours hors de terre ; enfin, si ses racines sont sèches, il sera prudent de lui mettre le pied dans l’eau pendant huit, douze ou vingt-quatre heures, selon les circonstances. Lorsqu’on le replante, la terre s’adapte mieux aux racines.

Si le trou est trop humide ; si la terre qu’on en a retirée est trop humectée, il faut différer de quelques jours la transplantation. Cette terre joindroit mal contre les racines, se pétriroit, se durciroit, & l’arbre en souffriroit. Il est nécessaire d’épierrer & d’ajouter de la terre neuve, bonne & menue sur les racines, afin qu’il ne reste point de vide. Chaque année on doit faire piocher le tour de l’arbre, si on ne l’a pas planté dans un champ labourable, ou cultivé habituellement.

Le haut de la tige de l’arbre planté doit être dépouillé de ses branches, mais il convient de lui en laisser deux ou trois, coupées à deux ou trois pouces au dessus de leur base. On fera bien de couvrir la coupure avec l’onguent de Saint Fiacre, ou avec de la terre glaise bien corroyée.

VI. De la taille de l’amandier. Si l’on a semé l’amande à demeure, & qu’on ait chaque année travaillé le terrain, ainsi qu’il l’exige, la tige ne demande qu’à être dépouillée des petites branches, afin de lui faire former un arbre. Ces petites branches seront abattues au commencement de Novembre, & la plaie sera bien cicatrisée & durcie avant les gelées. Si on attend plus tard, on doit craindre l’extravasion de la séve qui formera la gomme, & la gomme annonce toujours l’état de souffrance de l’arbre quelconque. Dès que le tronc est formé, laissez l’arbre confié aux soins de la nature ; elle en fait plus que nous.

Les amandiers transplantés ont peu besoin de la main de l’homme. Il doit tout au plus abattre les branches foibles, couper le bois mort, de crainte que la carie ne gagne le corps de l’arbre. Comme les boutons à fruit ne poussent que sur le jeune bois, si l’arbre n’avoit plus