On peut s’assurer de l’ordre & de la disposition du travail des abeilles, sans prendre la peine de les observer. Qu’on détache un gâteau qu’aura fait un essaim placé depuis peu dans une ruche, on remarquera un nombre considérable de cellules ébauchées, dont les unes n’auront encore que la base, d’autres un pan ou deux du tuyau exagone un peu prolongés ; d’autres enfin, dont tous les pans seront attachés à leur base, & n’auront qu’une ligne & demie ou deux de longueur. Le gâteau qui paroîtra un ouvrage raboteux & imparfait, ne peut être mieux comparé qu’à un édifice auquel on a laissé des pierres d’attente, pour le continuer quand on voudra.
Section VI.
Position des Alvéoles & des Gâteaux dans une Ruche.
Les alvéoles que construisent les abeilles sont des cellules contiguës qui forment, par leur assemblage, ces édifices connus sous le nom de gâteaux ou rayons (fig. 6, pl. 1, p. 15) attachés au sommet intérieur de la ruche, par le moyen de la cire que les abeilles appliquent & étendent ; ils descendent assez perpendiculairement sur la table de la ruche : quelquefois il arrive que leur direction s’étant, au commencement, un peu écartée de la perpendiculaire, elle devient oblique. Ils sont toujours parallèles entr’eux, quelquefois avec le grand côté de la ruche, s’ils sont inégaux ; le plus souvent, avec le côté du devant, lors même qu’il est un des plus petits. Entre les superficies des deux gâteaux parallèles, les abeilles ont soin de laisser un intervalle assez considérable pour qu’elles puissent marcher librement sur chaque surface sans se toucher ; elles ménagent aussi plusieurs ouvertures sur le grand côté de tous les gâteaux, afin d’avoir moins de chemin à faire, lorsqu’il est nécessaire d’aller de l’un à l’autre. L’ouverture des cellules est toujours placée sur la grande superficie de chaque côté du gâteau, de manière que les axes des deux cellules adossées par leur base, le traversent entiérement. Le gâteau est par conséquent perpendiculaire à l’axe des cellules, qui est lui-même horizontal.
Section VII.
Usage & destination des Alvéoles.
Quand on observe à la hâte ce qui se passe dans une ruche, en voyant entrer les abeilles la tête la première dans les alvéoles, on pourroit croire qu’ils sont autant de cellules qu’elles ont bâties pour leur servir de retraite. Ces cellules ne sont point un lieu de repos où elles se délassent pendant la nuit des travaux pénibles de la journée ; c’est contre les parois intérieures de la ruche, quelquefois en dehors, quand la chaleur est excessive, qu’elles se reposent pour prendre de nouvelles forces ; c’est là qu’attachées les unes aux autres en forme de grappe de raisin, elles attendent que le soleil paroisse pour reprendre leurs occupations. Ces cellules sont des édifices publics où les abeilles prennent naissance, où elles sont soignées & élevées pendant leur enfance ; passé cet âge, la pro-