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de deux pieds en quarré seulement, de fouiller ces deux pieds, & ils seront étonnés de la quantité d’insectes qui vivent sur sa surface ou dans son sein. C’est assez insister sur les insectes. (Voyez le mot Engrais)

Des avantages qu’on retire de la méthode d’alterner. 1o. On a beaucoup moins de terrain à cultiver, puisqu’il se trouve à peu près une proportion égale entre l’étendue des terres à labourer & celle des terres consacrées aux fourrages. 2o. On multiplie les fourrages ; dès-lors, il en doit nécessairement résulter pour le cultivateur intelligent, l’augmentation de ses troupeaux, & des animaux destinés au labourage ou à fournir du lait, ou pour être engraissé. Que faut-il pour qu’une culture soit florissante ? des engrais. Et quoi encore ? des engrais & de forts labours. 3o. Il n’y a point de moyens plus efficaces pour détruire les mauvaises herbes ; les trèfles, les luzernes les étouffent par leur fanage, en leur empêchant de jouir des bienfaits de l’air atmosphérique, sans lesquels elles ne végètent qu’en languissant, & périssent avant de se reproduire par leurs semences. 4o. L’avantage le plus précieux, résultant de la méthode d’alterner, est de ne laisser aucun terrain en jachère ; la terre est toujours employée. Outre la luzerne, le sainfoin ou esparcette, & le trèfle, on connoît un grand nombre de plantes utiles pour alterner ; comme le lin, le chanvre dans les terres bonnes & meubles ; le lupin (voyez ce mot) dans les terres pauvres & caillouteuses, &c. Si on veut alterner sur une prairie même dégradée, on est sûr d’avoir plusieurs récoltes abondantes & consécutives.

Les peuples qui s’appliquent le plus & qui entendent le mieux l’agriculture, ne manquent jamais à alterner. Jetez un coup d’œil sur la Flandre françoise, sur l’Artois, sur le Brabant, sur l’Angleterre, & même sur les montagnes de Suisse & sur la Suède, & vous verrez dans tous ces pays, que par-tout où l’on peut semer du grain on suit cette méthode.

Ce qui vient d’être dit s’applique particuliérement à nos provinces méridionales, dans lesquelles la chaleur du climat s’oppose à la multiplication des prairies naturelles ; mais dans celles où ces prairies viennent d’elles-mêmes, on peut facilement, après trois récoltes consécutives en grains, les remettre en prairie.

Ce qui reste à dire sur la culture alternative, est tiré d’une Encyclopédie publiée chez l’étranger ; & nous sommes fâchés de ne pas connoître l’auteur de cet article digne d’un excellent cultivateur, pour lui payer le tribut de reconnoissance, suivant la loi que nous nous sommes imposée toutes les fois que nous empruntons un article de quelque auteur. Il est naturel de l’employer, si ce qu’il a dit vaut mieux que ce que nous dirions.

Règles de la culture alternative dans les pays où elle est actuellement suivie avec succès. (C’est l’auteur étranger qui parle) Dès qu’on s’apperçoit que le produit d’un pré diminue, & que l’herbe s’éclaircit, on y remédie sans délai, en labourant le terrain, ce qui se fait de six en six