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externes. La fleur est soutenue par un péduncule petit, cylindrique, & foible. Les étamines E sont au nombre de six, posées au fond du tube ; il n’y a qu’un pistil composé de l’ovaire, d’un style long & cylindrique, & d’un stigmate velu.

Fruit F ; capsule oblongue, à trois sillons, à trois loges, à trois valvules, remplies de semences G, à demi-circulaires, anguleuses, applaties.

Feuilles, partent toutes de la racine ; elles embrassent la tige ; elles sont rassemblées au bas, charnues, convexes en dehors, concaves en dedans, armées de fortes épines ; le sommet de chaque feuille est terminé par une épine ligneuse.

Racine A, en forme de corde, charnue, fibreuse.

Lieu. L’aloès, dit succotrin, vient des Indes : on le cultive dans les jardins en le garantissant des gelées, & il y fleurit rarement, même dans la basse Provence, & dans quelques parties d’Italie : il réussit très-bien en pleine terre & sur les rochers.

Port. La tige est une hampe ; les fleurs pédunculées, entourant la tige en forme de corymbe ; les feuilles radicales sont rassemblées en rond au bas de la tige.

Propriété. Toute la plante est d’une amertume excessive ; le suc des feuilles est stomachique, vermifuge, hémorroïdal, emménagogue, purgatif, extérieurement très-détersif & balsamique.

Usages. L’aloès est un suc gommo-résineux, en partie soluble dans l’eau, & en partie soluble dans l’esprit de vin. Quoique sa partie gommeuse purge plus que sa partie résineuse, il ne faut point, en général, séparer l’une de l’autre. On trouve dans les boutiques quatre sortes d’aloès : le premier, dit succotrin, parce que le plus estimé, vient de l’île Socotora : cet aloès, ou plutôt le suc épaissi de cette plante, doit être très-pur, friable, léger, d’une couleur jaune, couvert d’une poussière roussâtre, approchant un peu de la couleur du beau verre d’antimoine ; mis en poudre, il paroît d’un beau jaune doré ; échauffé dans les mains, il devient flexible ; son goût est fort amer, & son odeur légérement aromatique. Quoique cette drogue ne soit pas chère, on la sophistique assez souvent ; mais en faisant attention aux caractères qui viennent d’être tracés, on ne sauroit être trompé.

L’aloès hépatique est moins beau que le premier, auquel on le substitue : il nous est apporté de l’Amérique. Sa couleur est approchante de celle du foie des animaux, d’où il a pris son nom ; elle est plus foncée, moins brillante que celle de l’aloès succotrin : l’odeur en est aussi plus désagréable & plus amère. Il faut rejeter celui qui est d’une couleur tannée & d’une odeur fétide.

L’aloès caballin est la troisième espèce, & n’est communément employée que pour les maladies des animaux : c’est le plus grossier, le plus terrestre, & le moins bon des trois aloès ; son odeur est nauséabonde : il produit rarement l’effet qu’on desire, & les maréchaux devroient ne pas s’en servir.

La quatrième espèce est l’aloès calebasse, ou des Barbades. Nouveau, il ressemble à l’aloès caballin ; en vieillissant il devient hépatique ; gardé jusqu’à ce qu’il soit cassant,