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pas les employer, lorsque les viscères sont enflammés, dans le colera morbus, lorsqu’il se fait quelques évacuations critiques.

Comme il est plus aisé à la campagne, & souvent plus court, de trouver des plantes que les remèdes pharmaceutiques, voici le nom de quelques plantes regardées comme alexitères. Le chardon bénit, le chamædris ou petit chêne, le scordium, les feuilles de rue & de sauge, la gentiane, l’impératoire, la scorsonère, le raisin de renard, l’écorce d’orange, les baies de genièvre, les semences de persil, d’ammi, du fenouil tortu, &c. On peut consulter ces mots pour apprendre à quelle dose on doit les administrer.


ALGUE. M. Tournefort place cette plante dans la section seconde de la dix-septième classe, qui comprend les plantes marines ou fluviatiles, dont on ne connoît ni les fleurs ni les fruits, & il l’appelle alga angustifolia vitriariorum. M. le chevalier Von Linné, observateur aussi exact que prudent, a reconnu ses fruits & ses fleurs, & a classé cette algue dans la gynandrie polyandrie, & l’a nommée zostera marina. La fleur n’a point de corolle ni de périanthe ; les feuilles, disposées en manière de gaine, lui en tiennent lieu. Les filamens qui supportent les étamines, sont alternes, assez nombreux, très-courts ; les anthères sont ovales, oblongues, obtuses ; les germes en petit nombre, ovales, aplatis, tranchans des deux côtés, supportés par un petit pédicule ; les stigmates sont capillaires & simples ; le péricarpe est membraneux, & s’ouvre longitudinalement sur le côté ; il renferme une seule semence qui est ovale. Les feuilles naissent immédiatement sur la racine en touffe, & les touffes sont séparées les unes des autres comme dans les plantes graminées. Ces feuilles sont molles, d’un verd obscur, minces, étroites, aplaties, longues quelquefois d’un à trois pieds, & pointues à leur extrémité. La racine générale, souvent grosse comme le doigt & même plus, est écailleuse, garnie de bourgeons, d’où partent les feuilles, & les radicules sont fibreuses.

Propriétés. On dit cette plante apéritive, vulnéraire, dessicative ; qu’elle détruit les punaises & les puces. Quant à ses vertus médicinales, on peut se dispenser d’en faire usage ; & si elle chasse les puces & les punaises, on doit l’attribuer à son odeur. Le fait est encore aussi douteux que celui de ses propriétés médicales.

Usages. Les vitriers & les parfumeurs en enveloppent leurs verres & leurs bouteilles. L’usage plus essentiel qu’on doit en faire, est de la brûler pour en avoir les cendres, ou de l’employer comme engrais.

Sur les bords de la méditerranée, & même dans quelques endroits sur l’océan, les paysans rassemblent en monceaux les algues que les vagues de la mer portent sur le rivage, & les font sécher. Cette méthode est nuisible, puisqu’on ne tire pas de cet engrais tout l’avantage qu’il convient. Le soleil en les desséchant & la pluie en les délavant, font disparoître la majeure partie du sel dont elles