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tière de deux pouces de profondeur, & de deux pouces de large ; ce chapiteau a la forme d’un cône très-aplati. On pratique à deux endroits, & au niveau de la gouttière, deux tuyaux Q Q, d’un pied quatre pouces de longueur, de huit pouces d’ouverture à l’endroit de la soudure, qui vont en diminuant, lesquels forment deux becs qui entrent de trois pouces, par l’extrémité, dans deux serpentins de deux pouces de diamètre dans toute leur étendue, lesquels doivent être plongés dans une grande cuve de bois ou de cuivre pleine d’eau froide.

La cucurbite & le chapiteau réunis, forment l’alambic propre à distiller à feu nud.

Troisième pièce. Lorsqu’on veut distiller au bain-marie, on introduit dans la cucurbite un second vaisseau d’étain ou de cuivre étamé, du même diamètre que celui de la cucurbite, & de deux pieds de profondeur ; on adapte par dessus le même chapiteau. Les trois pièces réunies, forment l’alambic propre à distiller au bain-marie. On remplit d’eau la cucurbite, & on met dans le bain-marie la liqueur qu’on veut distiller ; on lute les joints avec des bandes de papier, enduites de colle de farine ou d’amidon, ou avec la vessie coupée par bandes & bien mouillée.

Cet alambic peut servir à distiller à feu nud & au bain-marie ; dans l’un & l’autre cas, on adapte les serpentins aux becs du chapiteau : mais les vaisseaux n’ont pas la même hauteur dans les deux dispositions, parce que le bain-marie a un collet d’environ trois pouces, qui exhausse les vaisseaux d’autant. Si, après avoir distillé au bain-marie, on vouloit distiller à feu nud, on verroit que les becs des chapiteaux se rapporteroient à trois pouces au dessous de l’embouchure des serpentins ; il faudroit alors élever le fourneau de trois pouces, ou baisser les serpentins de pareille quantité, ce qui seroit absolument impraticable de la part du fourneau, qui doit être bâti en bonne maçonnerie de moellon & de brique. Les serpentins ne seroient pas moins incommodes à baisser, à cause de leur poids. On suppose les cuves ou pipes, de sept pieds de profondeur, & d’environ six pieds de largeur, ce qui produit un volume d’eau d’environ six mille huit cents quatre-vingts pintes, mesure de Paris. Une cuve de cette espèce n’est point maniable, lorsqu’elle est pleine d’eau. Pour parer à toutes ces difficultés, on a l’attention, en faisant bâtir le fourneau & les massifs des serpentins, de prendre ses dimensions avec l’alambic complet, c’est-à-dire les trois pièces réunies, chaudière, bain-marie & chapiteau ; on place les serpentins dans la direction des becs des chapiteaux, & on introduit dans le serpentin Q Q, Fig. 1, Pl. 11, un tuyau, soit de cuivre ou d’étain. Cette pièce se nomme ajoutoir ; elle doit entrer dans le serpentin d’environ six pouces, & va & vient pour unir le bec du chapiteau avec le serpentin, de manière qu’en la retirant, il en reste trois pouces dans l’ouverture du serpentin, & les trois pouces supérieurs sont pour le bec du chapiteau.

La disposition de ces vaisseaux