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ration de l’air déphlogistiqué seroit un très-grand bien, & apporteroit beaucoup de soulagement dans ces cas. Si jamais quelque médecin habile vouloit essayer ce nouveau remède, voici la méthode que M. l’abbé Fontana croit la plus propre pour faire respirer à un malade cet air vital ; elle est tirée de l’Ouvrage de M. Ingen-House, sur les végétaux. On remplit d’air déphlogistiqué une grande cloche de verre, par les procédés indiqués plus haut ; on laisse flotter cette cloche dans un baquet rempli d’eau de chaux : cette eau, ayant la propriété d’absorber l’air fixe qui sort des poumons, servira à purifier de ce dangereux fluide l’air déphlogistiqué, à mesure que le malade l’expirera. On introduit l’extrémité recourbée d’un tube de verre dans la cloche, de façon que l’orifice du tube monte dans la cloche jusqu’au milieu de la masse d’air, tandis que le malade tient l’autre extrémité dans la bouche : il vaudroit encore mieux prendre une cloche qui eût un col ouvert en haut, auquel on appliqueroit un robinet pour fermer & ouvrir le passage, selon le besoin. Le tube de verre s’appliqueroit à ce robinet, lorsqu’on voudroit s’en servir. Le malade ayant inspiré cet air, l’expire ensuite par le même tube ; de façon qu’il inspire, à plusieurs reprises, le même air, lequel, à la vérité, deviendroit bientôt si vicié par ses poumons, qu’il en éprouveroit plus de mal que de bien, si l’eau de chaux, qui est en contact avec cet air, n’absorboit l’air fixe que les poumons lui ont communiqué, & ne remettoit l’air de la cloche presque à sa pureté primitive. Il est vrai que l’eau de chaux n’est pas capable de prendre le phlogistique par lequel cet air devient vicié dans la respiration, au moins n’en prend-elle pas une grande quantité ; mais on doit considérer que l’air déphlogistiqué étant destitué de phlogistique, est capable d’en absorber beaucoup avant d’être réduit à l’état d’air commun. Ainsi on pourra de cette manière inspirer le même air avec un avantage sensible pendant long-tems.

On sent bien qu’en respirant ainsi cet air, il est à propos de tenir les narrines fermées avec les doigts, pour empêcher que l’air commun ne se glisse dans les poumons, & ne gâte l’air déphlogistiqué dans la cloche, ou que l’air de la cloche ne s’échappe par les narrines, & ne se perde.

Quoique ce moyen n’ait pas encore été mis en pratique, il annonce tant d’utilité, qu’il est à souhaiter que les physiciens & les médecins s’efforcent de faire jouir l’humanité d’une découverte qui promet les avantages les plus grands, mais qui est encore trop récente pour qu’on puisse en tirer toute l’utilité qu’elle fait entrevoir.


Section VI.

De l’Air inflammable.

L’air inflammable est aussi invisible, aussi fluide, aussi compressible, & aussi élastique que l’air commun ; mais il est plus léger & méphitique au suprême degré. Les animaux qui le respirent y périssent sur le champ, & malgré son extrême inflammabilité, il est incapable d’entretenir la lumière, ou la combustion des subs-